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8 - synchronisé / incommensurable
6
effet synthétique
s13
croquis Psautier d'Ingeburge   1 - plusieurs figures séparées se détachent sur un fond uniforme trop brillant, ou trop lumineux, ou de graphisme trop différent, pour être lu en même temps qu'elles

Chartres - croisillon Sud   2 - un rythme régulier d'obstacle nous empêche de percevoir l'unité de la forme ou de la surface qu'ils divisent, mais nous voyons bien pourtant, grâce à la restitution mentale que nous pouvons en faire, que cette forme ou cette surface sont parfaitement unifiées


1 - cet effet s'appuie sur le paradoxe n° 13 13 un / multiple : un fond continu uniforme s'oppose à de multiples parties qui se dressent devant lui. Dans le cas 1, la présence visuelle trop forte du fond ne permet pas de lire "tranquillement" le groupe que forment les parties du premier plan, et plutôt que de lire ce groupe en tant que tel, elle oblige à lire une série de silhouettes séparées par le fond. Dans ce cas, c'est donc l'incommensurabilité entre la lecture du fond et la lecture du groupe (c'est-à-dire l'impossibilité de les lire ensemble) qui oblige à synchroniser la perception des silhouettes séparées avec celle des échancrures laissées autour d'elles par le fond. Dans le cas 2, ces parties ont un rythme régulier (synchronisé) et leur présence rend impossible de voir en même temps la continuité du fond, ce qui implique que la perception de son unité continue est incommensurable avec celle des parties synchronisées.
2 - l'appui fonctionne à l'aide du paradoxe 14 regroupement réussi / raté : dans le cas 1, bien que les parties en premier plan soient rassemblées dans un même groupe, elles ne se laissent percevoir qu'en tant que parties séparées par le fond. Dans le cas 2, bien que le fond soit regroupé en unité continue, il ne se laisse voir que sous forme de parties séparées
3 - il s'organise au moyen du paradoxe 15 fait / défait : cela fait l'un et l'autre des deux aspects paradoxaux
4 - il est noué par le paradoxe clef 16 relié / détaché : dans le cas 1, les silhouettes séparées sont reliées par le fond même qui les sépare. Dans le cas 2, les parties du fond qui nous apparaissent séparées sont reliées en continu

Justification du caractère synthétique de type identification dans le cas 1 : c'est parce que la perception du groupe du premier plan est incommensurable avec celle du fond trop présent, que sa perception sous forme de silhouettes séparées est synchronisée avec celle des échancrures du fond
Justification du caractère synthétique de type lecture dans le cas 2 : on ne peut pas percevoir l'unité du fond dont la lecture est incommensurable avec celle des obstacles du premier plan sans percevoir la régularité de ces obstacles

les exemples de référence

Cas 1 - un fond uni trop violent nous gêne pour lire ensemble les membres d'un groupe situé devant lui :
(dans ce cas, c'est l'incommensurabilité de perception entre le fond unitaire et le groupe de figures, qui force à les percevoir séparées les unes des autres, en synchronie avec les divisions que leurs silhouettes découpent sur le fond uniforme)
voir l'image  étape C0-33 du gothique classique en Occident - Psautier d'Ingeburge (vers 1200) - "l'Adoration des Mages" : les mages et la vierge à l'enfant forment un groupe de personnages qui sont reliés dans une même action et qui sont aussi physiquement reliés par le dessin du sol. Pourtant, nous peinons à lire ensemble tous les personnages de ce groupe car le fond doré nous éblouit tout en s'intercalant entre eux. Par son uniformité qui est en rupture avec les détails de texture et de couleur des personnages, la lecture du fond tranche fortement avec la lecture de ceux-ci. Si nous ne pouvons pas adopter la même attitude de lecture dans les deux cas, c'est donc que ces lectures sont incommensurables pour notre perception. Comme la dorure brillante du fond le rend presque éblouissant, c'est lui qui impose sa présence dominante, ce qui nous oblige à lire comment les figures se détachent isolément sur son fond et non pas comment elles forment ensemble un groupe de personnages
Psautier d'Ingeburgecroquis Psautier d'Ingeburge


Cas 2 - un rythme régulier d'obstacle nous gêne pour percevoir une surface unitaire :
(dans ce cas, c'est la présence du rythme synchronisé qui rend incommensurable la perception de l'unité du fond)
étape C0-33 du gothique classique en Occident - cathédrale de Chartres, portail du croisillon Sud - les colonnettes devant le mur nu (1212 - 1220) : régulièrement espacées, des colonnes dissimulent en partie le mur aveugle dont l'on devine la continuité. La régularité des colonnes nous suggère que le mur que nous devinons derrière elle est lui aussi uniforme et continu ("un" donc), mais nous ne pouvons pas percevoir en même temps les colonnes et le mur, ce qui signifie que leurs lectures sont incommensurables - source de l'image : Le Gothique, édité par Hachette (1965)
Chartes - murs du croisillon Sudcroquis Chartres


utilisation aux époques préhistoriques


utilisation aux époques anciennes


utilisation aux époques plus récentes


utilisation à l'époque contemporaine

dernière mise à jour de cette fiche : 31 octobre 2004

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