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12.2.3.  L'évolution de la 3e filière de la phase d’émergence de l'ontologie Produit-Fabriqué/intention, filière dans laquelle PF est du type 1/x et i du type 1+1 :

 

La 3e filière vise à mettre progressivement en relation la structuration du bâtiment qui relève du type 1/x avec des intentions plastiques relevant du type 1+1. Pour le bâtiment, son type 1/x implique qu'il devra toujours apparaître comme une entité compacte et unifiée, tandis que le type 1+1 des intentions plastiques tendra à le distordre pour satisfaire différentes intentions incompatibles entre elles. Dans les premières étapes, la combinaison dans un même bâtiment de ces deux types contradictoires 1/x et 1+1 rappellera parfois les déformations que l'on voit au cinéma où des personnages possédés par des puissances diaboliques ou par des aliens sont monstrueusement déformés : têtes pivotées de 180°, agitation sous la peau révélant la présence d'un corps étranger vivant, etc. À la fin toutefois, les 1+1 intentions plastiques réussiront à se confondre avec les divers aspects impliqués par le caractère 1/x de la structure du bâtiment, ce qui signifiera que ces deux aspects auront alors réussi à se mettre en complète relation.

 

 



 

Junya Ishigami : maquette d'un projet de maison pour un collectionneur d'art au Chili (la toiture a été enlevée pour la vue depuis le dessus - 2014)

Source des images :  https://www.archdaily.com/533159/japanese-and-chilean-architects-
collaborate-on-proposals-for-the-ochoalcubo-project/53d8149bc07a80d971000202-japa
nese-and-chilean-architects-collaborate-on-proposals-for-the-ochoalcubo-project-image

 

 

Pour l'expression analytique de la première étape de la 3e filière, nous retrouvons Junya Ishigami pour un projet de maison à l'intention d'un collectionneur d'art, prévue pour être construite au Chili et dont on ne dispose que de vues de la maquette qui date de 2014.

Cette maison a l'allure d'une large assiette creuse recouverte d'un toit plat. L'intention de l'architecte a été de faire en sorte que toute la lumière et toutes les vues soient procurées au moyen de larges échancrures dans le sol du bâtiment, certaines remontant un peu toutefois sur le bas de ses bords. On peut comparer cette disposition au musée de Teshima de Ryue Nishizawa qui a servi à introduire l'analyse de la première étape de la 1re filière : comme dans ce musée, de larges ouvertures servent à apporter la lumière et des vues variées sur le paysage, comme dans ce musée elles sont variées et pour cette raison ne forment pas un groupe unifié mais une suite de vues qui s'ajoutent pour correspondre à 1+1 intentions de vues sur le paysage, et outre la diversité de leurs formes, la variété de leurs situations empêche aussi de ressentir qu'elles puissent former un groupe, car l'une sert de trémie d'escalier, une autre d'observatoire plongeant sur le sommet d'une petite colline, une autre d'observatoire donnant une vue à la fois plongeante et lointaine sur un autre flanc de cette colline, et une autre encore offre une vue panoramique sur le lointain dans une tout autre direction.

Par différence toutefois avec le musée de Teshima, les trouées ne sont pas limitées à une seule partie du bâtiment mais elles sont répandues sur toute sa surface, ce qui montre que la 3e filière ne commence pas, comme la 1re, par une relation limitée dans son étendue entre la structure du bâtiment et l'intention de l'architecte concernant l'organisation des vues. Par différence aussi, le bâtiment n'est pas formé par la réunion en 1+1 d'un sol et d'un toit se posant l'un sur l'autre très loin à la périphérie du bâtiment, il est cette fois formé par un sol qui remonte en arrondi sur toute sa périphérie pour bien montrer l'unité du creux intérieur qu'il génère. Divers cloisonnements divisent ce creux en parties distinctes mais, la plupart du temps, sans gêner sa continuité périphérique, et sans jamais gêner la continuité de sa partie centrale. La structuration du bâtiment relève donc du type 1/x, ce qui est spécialement évident quand on regarde le bâtiment depuis l'extérieur, sa forme compacte unitaire n'étant divisée que par les multiples trous qui l'affectent sans rompre sa continuité d'ensemble.

La variété des trouées faites dans la surface du bâtiment pour correspondre à la variété des intentions de vues sur le paysage n'affecte que sa surface, précisément, et elle ne l'affecte en outre que discrètement. Cette caractéristique résume l'état de la relation entre l'intention de l'architecte et la structuration du bâtiment à la première étape de la 3e filière : l'intention s'affirme de façon encore modeste et en ne concernant que l'enveloppe du bâtiment, que sa surface extérieure.

Il s'agit d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément la forme unitaire en cuvette que forme le bâtiment et le caractère dispersé et non régulier des trouées réalisées dans cette cuvette pour donner des vues variées sur le paysage en dessous et dans le lointain.

À la première étape de la 3e filière l'effet prépondérant est celui du centre/à la périphérie. Il est d'abord exprimé ici par la dispersion des centres d'observation sur l'extérieur sur toute la périphérie du bâtiment, du moins si l'on exclut sa toiture. Le fait que les larges ouvertures pour l'éclairage et la vue sur le paysage soient réalisées dans le sol plutôt que sur les façades ou en toiture correspond à un autre aspect plus essentiel de cet effet, un aspect qui vise à nous déstabiliser : puisque le sol se dérobe sous nos pieds, notre sens de l'équilibre se trouve affecté, ainsi que la protection que nous attendons normalement d'un bâtiment contre le risque de chute.

L'effet de fait/défait est lié au précédent puisque la présence d'énormes trous dans le sol défait notre sens de la sécurité et de la résistance à la gravité que nous pouvons attendre du sol d'un bâtiment. L'effet de regroupement réussi/raté se lit dans le volume intérieur du bâtiment qui se regroupe en continuité globale, laquelle est toutefois ratée du fait de la présence des parois qui maintiennent certaines pièces séparées de ce volume global, et cette continuité globale est également ratée du fait de la présence des trous qui interrompent la continuité du sol. Enfin, on peut dire que l'effet de relié/détaché concerne l'allure générale du bâtiment, fortement attaché à un rocher, et donc relié à lui à l'endroit de cette attache, mais complètement détaché du sol sur tout le reste de son volume qui survole très haut le paysage situé sous de lui.

 

 

 


SANAA : New Museum Contemporary Art à New-York (2007)

Source de l'image : https://www.archilovers.com/projects/4587/new-museum-contemporary-art.html

 

 

Pour une expression synthétique de la première étape de la 3e filière nous retrouvons le cabinet SANAA des architectes japonais Ryue Nishizawa et Kazuyo Sejima, cette fois pour le New Museum Contemporary Art qu'ils ont livré en 2007 à New-York.

Ce bâtiment se présente comme une suite continue d'étages recouverts d'un même matériau blanchâtre, à peine modifié en partie basse de chaque étage par une bande plus lumineuse correspondant à l'éclairage des pièces situées derrière ou au reflet de la lumière venant de la terrasse du dessous. D'un étage à l'autre, de petits reculs de façade ou de modestes décrochements latéraux divisent cette grande unité continue en multiples portions bien repérables visuellement. Ces caractéristiques donnent à la structuration du bâti le type 1/x d'une grande unité divisée en multiples parties.

L'intention plastique des architectes a été de reculer légèrement de la rue chacun des étages, jamais de la même ampleur et sans que l'on puisse relever une logique globale quelconque à cette variété des reculs, et aussi de les déporter latéralement, parfois d'un côté, parfois de l'autre, l'un se produisant même à mi-hauteur d'un étage, sans non plus que l'on puisse relever une logique globale quelconque à cette variété des déports latéraux. On peut enfin évoquer l'intention de superposer en partie basse trois niveaux de même hauteur et de modifier la hauteur des deux corps de bâtiment au-dessus, d'abord par un très grand surhaussement puis par un surhaussement plus modeste, et toujours sans que l'on puisse saisir une logique d'ensemble à ces modifications. Bref, il apparaît que l'intention a été d'effectuer 1+1 reculs sur rue sans relation les uns avec les autres, 1+1 déports latéraux sans relation les uns avec les autres, et de définir 1+1 hauteurs d'étages différentes sans relation les unes avec les autres. L'intention plastique relève donc du type 1+1.

Comme dans l'exemple précédent l'intention se cantonne à l'enveloppe du bâtiment, et sa conséquence est encore discrète puisqu'il s'agit seulement de décaler et de modifier légèrement la position et la hauteur des étages empilés.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas lire la décomposition 1/x de ce bâtiment unitaire en multiples étages sans lire la présence de ces 1+1 décalages ou changements de hauteur qui manifestent l'intention des architectes.

L'effet prépondérant du centre/à la périphérie est lié à notre déstabilisation par la variabilité de l'assise du bâtiment, puisqu'on ne sait jamais dire à quel endroit il est du fait de la modification constante de son alignement sur rue et de ses décalages latéraux répétés. L'effet de regroupement réussi/raté est bien visible puisque toute la surface du bâtiment est regroupée dans un même matériau continu tandis que cette continuité est ratée par les décalages d'alignement des divers étages. L'effet de relié/détaché est aussi associé à cette disposition, puisque tous les étages sont reliés en continu par un même matériau qui se poursuit du bas en haut de l'immeuble tandis que les décalages d'alignement entre ces divers étages les détachent les uns des autres.

 

 




 

 

SANAA : magasin Dior de Tokyo (2003 - vue générale et vues de détail depuis l'extérieur et l'intérieur)

Sources des images : http://projects.archiexpo.fr/project-2232.html et https://www.pinterest.fr/pin/347340189997289774/

 

Comme dernier exemple synthétique de la première étape, nous retrouvons SANAA avec son traitement translucide de la façade de l'immeuble Dior construit en 2003 à Tokyo. Cette façade comporte en fait une double peau : un vitrage extérieur transparent et un vitrage intérieur en verre plissé translucide à l'allure de rideau. Le résultat est une paroi quelque peu laiteuse, que l'on ne parvient pas bien à localiser, ni même à saisir visuellement.

La répartition structurelle en deux couches et les multiples ondulations de la couche intérieure de ces façades relèvent du type 1/x. L'intention plastique, elle, a trait au caractère translucide des façades, lequel implique en fait deux intentions différentes qui se cumulent : faire une paroi transparente à la lumière, ce qui vaut pour ses deux couches, et faire une paroi opaque à la vue, ce qui ne concerne que la couche interne et ses ondulations. Dans cette disposition, la paroi intérieure avec ses plissements et son aspect translucide vient ainsi défaire la simple transparence lisse de la paroi extérieure, elle ajoute donc en +1 une opacité et un effet d'ondulations qu'elle ne partage pas avec cette dernière. L'effet global qui en résulte est que les deux parties de la paroi ne sont donc pas fusionnées mais restent deux parois étrangères qui s'additionnent en 1+1 l'une derrière l'autre : une tranche de transparence limpide, puis une tranche de translucide plissé.

Comme dans les exemples précédents on retrouve le caractère limité de l'impact du caractère 1+1 de l'intention qui se contente ici de troubler le caractère 1/x de la séparation structurelle des deux tranches de la paroi vitrée.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas percevoir l'existence de deux couches différentes pour constituer ensemble la paroi vitrée sans se rendre compte des différences de leurs propriétés qui correspondent à des intentions différentes.

Le caractère insaisissable de cette paroi, dont on ne sait dire si elle est à l'endroit de la vitre extérieure transparente ou à l'endroit de la vitre intérieure translucide, implique une instabilité de sa position, et donc une déstabilisation qui relève de l'effet du centre/à la périphérie. C'est leur différence qui fait rater le regroupement visuel des deux vitrages dans une même paroi, alors que leur voisinage à la périphérie du bâtiment les regroupe techniquement en tant que parties d'une même façade vitrée. Le contraste entre ces deux tranches de vitrage relève de l'effet de fait/défait : la transparence lisse du vitrage extérieur est défaite par l'ondulation translucide irrégulière du vitrage intérieur. Enfin, les ondulations du vitrage translucide se détachent visuellement les unes des autres tandis qu'elles sont liées en continu dans un même matériau et dans un même effet de plissement : c'est un effet de relié/détaché. Un effet que l'on peut aussi considérer sur l'ensemble des façades que l'apparence du matériau verrier relie en continue, tandis que les bandeaux des planchers en détachent nettement les étages les uns des autres.

 

 

 


BIG avec JSD : VM Houses à Copenhague, au Danemark (2005)

Source de l'image : https://www.archdaily.com/970/vm-houses-plot-big-jds

 

 

Pour l'expression analytique de la deuxième étape de la 3e filière, Bjarke Ingels et son agence BIG pour le bâtiment « V » qui fait partie d'un groupe de deux immeubles dénommé « VM Houses » construit à Copenhague en 2005. Son nom est dû à ce que ce bâtiment se présente comme un V horizontal. Les deux branches de ce V ont des surfaces complètement vitrées, découpées par un léger quadrillage de menuiseries, et sur ces surfaces s'accrochent des balcons triangulaires très pointus suspendus à des attaches métalliques, avec leurs pointes se dirigeant vers des directions très différentes les unes des autres.

Le caractère 1/x du bâti est assuré par sa décomposition horizontale en deux grands pans correspondant aux deux branches du V de la forme d'ensemble du bâtiment, chacun de ces pans étant quadrillé par le dessin de multiples menuiseries. Il résulte aussi du contraste violent entre le caractère unitaire de la surface de ces façades et la multitude des balcons qui les hérissent.

L'intention plastique concerne la brutalité de la sortie des balcons triangulaires et la multiplicité des directions vers lesquelles ils pointent. Un premier aspect 1+1 provient de l'absence de continuité entre le volume principal du bâtiment et ces excroissances qui semblent davantage plaquées sur lui que sortir de lui : il y a le volume du bâtiment + les balcons qui viennent s'accrocher sur lui, sans s'intégrer visuellement à l'aspect de ses surfaces vitrées et sans sembler prolonger sa structure interne. Le caractère varié et comme aléatoire des directions vers lesquelles pointent les balcons est l'autre aspect correspondant au type 1+1, car ainsi, malgré leur ressemblance d'aspect, les balcons ne semblent pas former un groupe cohérent mais seulement une addition de balcons, les uns à côté des autres et chacun ignorant ce que font les autres.

Par comparaison à l'étape précédente, par exemple à la paroi vitrée du bâtiment Dior seulement troublée par le défaut de fusion entre ses deux couches, le caractère plus violent de l'intention plastique apparaît flagrant. Ce n'est plus en effet la seule enveloppe extérieure du bâtiment qui est troublée par l'incompatibilité de plusieurs intentions s'ajoutant en 1+1, c'est maintenant la lecture du volume même du bâtiment qui est contrariée par la présence de ces 1+1 pointes acérées qui ne s'intègrent pas au volume du bâtiment et que l'on ne peut donc pas lire en continuité avec la paroi qui enclôt ce volume.

Il s'agit d'une expression analytique, car on peut considérer séparément le volume global du bâtiment fermé par des parois vitrées lisses et la présence des balcons plaqués sur ces surfaces.

À la deuxième étape de la 3e filière, l'effet prépondérant est l'entraîné/retenu. Il correspond à la difficulté que l'on a pour lire la continuité de la paroi vitrée du bâtiment : on est entraîné à la lire car on perçoit bien sa continuité lisse, mais on en est retenu par les balcons pointus qui la parsèment et qui empêchent de la percevoir commodément. Il correspond aussi à la multiplicité des directions vers lesquelles pointent les balcons : lorsqu'on se laisse entraîner à lire qu'ils pointent plutôt dans une direction, on en est retenu quand on considère les balcons qui pointent vers d'autres directions. La façon dont les balcons sont portés relèvent également de cet effet : on ressent qu'ils pourraient tomber, entraînés vers le bas à cause de l'absence apparente de soutien de ce côté-là, mais en fait ils sont retenus par de fines suspentes métalliques qui les accrochent à la façade.

L'effet d'ensemble/autonomie se trouve dans la grande autonomie d'aspect des façades vitrées planes et des balcons triangulaires, deux composants qui forment ensemble un effet de « balcons triangulaires plaqués sur une façade vitrée plane ». Par ailleurs, ces balcons forment donc ensemble un effet de triangles accrochés aux façades, mais cela tout en étant bien séparés les uns des autres et en pointant vers des directions très autonomes les unes des autres. L'effet d'ouvert/fermé est lié à la forme close du volume vitré du bâtiment d'où sortent pourtant les balcons. Enfin, l'effet de ça se suit/sans se suivre concerne les balcons qui se suivent les uns à côté des autres mais qui vont vers des directions différentes qui ne se suivent pas.

 

 

 


BIG : immeubles Grove à Grand Bay, Miami, USA (2016)

Source de l'image : https://www.archdaily.com/889344/grove-at-grand-bay-big

 

 

C'est encore BIG de Bjarke Ingels qui va nous fournir un exemple d'expression synthétique de la deuxième étape de la 3e filière, exemple qui montrera comment le caractère 1+1 des intentions plastiques peut déformer le volume du bâtiment, tout comme on avait dit en préambule que dans certains films le cou de personnages possédés est retourné à 180°. La torsion du volume des immeubles Grove à Grand Bay, livrés à Miami en 2016, ne va pas jusqu'à atteindre 180°, mais elle constitue à l'évidence une intention que l'architecte a voulu rendre bien visible.

En tant que bâtiment, structurellement chacun de ces deux immeubles a un caractère global compact qui se divise clairement en multiples façades et en multiples étages superposés séparés par des lignes de balcons continues, ce qui correspond à un bâti de type 1/x. Quant à l'intention plastique, elle a donc été de tordre chacune des façades de chacun des immeubles de telle sorte que leur volume se déforme dans tous les sens et qu'il soit difficile à saisir. Puisque l'on ne peut pas saisir globalement les déformations de ces façades, et puisque leurs torsions se succèdent en entraînant chaque fois la partie basse d'un bâtiment vers des directions différentes et comme autonomes l'une de l'autre, il en résulte que la lecture de ces formes est d'abord celle d'une succession de 1+1 façades qui se succèdent en 1+1 torsions. Comme dans le bâtiment V de la même agence BIG, l'impact du caractère 1+1 des intentions successives apparaît ici de façon spécialement violente : on est bien à la deuxième étape.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas appréhender le caractère compact des bâtiments et la régularité de la superposition de leurs étages sans s'affronter aux torsions diverses que lui fait subir l'intention de déformer leur volume.

L'effet prépondérant d'entraîné/retenu est lié à la différence d'alignement importante entre la partie haute de chaque façade et sa partie basse : le bas du bâtiment semble entraîné à se tordre tandis que sa partie haute reste fixement retenue, bloquée dans une position permettant de garder un angle droit entre chacune des façades. L'effet de ça se suit/sans se suivre correspond à l'aggravation progressive de la torsion de chaque façade : de bas en haut, tous les étages se succèdent, ils se suivent en continu et chacun se signale d'ailleurs par le débord régulier d'une ligne de balcon, mais ils vont vers des directions chaque fois différente à cause de la torsion de plus en plus forte des façades et ne se suivent donc pas pour ce qui concerne leurs orientations.

 

 



 

 

Shuhei Endo : deux vues de la Springtecture H à Singu-cho, Hyogo au Japon (1998)

Sources des images : https://i.pinimg.com/originals/e0/08/4f/e0084fa39cdf6a7e2be917ba84aafcce.jpg et https://artbite.fr/Shuhei-Endo.html

 

Un autre exemple d'expression synthétique de la deuxième étape de la 3e filière nous est fourni par l'architecte japonais Shuhei Endo (né en 1960). À un moment de sa carrière, il a conçu une série de bâtiments à partir de tôles ondulées en acier, tordues et assemblées de différentes façons, des bâtiments qu'il a dénommés « Springtecture ». Nous allons considérer sa « Springtecture H », construite en 1998 à Singu-cho pour servir d'équipement sanitaire public.

Ce bâtiment se présente comme une grande feuille en tôle ondulée qui se tortille pour créer des lieux bien différenciés. L'aspect parfaitement continu du matériau utilisé et sa division en grandes ondulations bien séparables visuellement correspondent à une structuration du bâti du type 1/x.

Par différence, les inversions de courbure génèrent des lieux qui ne sont pas continus entre eux mais qui s'égrainent en 1+1 lieux, chacun étant généré par une courbure qui l'enveloppe avant de se défaire un peu plus loin pour envelopper un autre lieu, enveloppé lui dans un autre sens et donc étranger au précédent. Ces 1+1 inversions de courbure pour 1+1 lieux distincts correspondent à l'intention plastique et fonctionnelle que l'architecte veut que l'on perçoive. Encore plus que dans l'exemple des immeubles de Miami, on voit qu'à cette deuxième étape l'intention de l'architecte le conduit à déformer de façon très violente le volume de son bâtiment, et même ici à le tordre plusieurs fois selon des sens inverses.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas saisir la continuité du matériau en tôle utilisé sans s'affronter à ses torsions inverses qui correspondent à l'intention de l'architecte.

L'effet prépondérant d'entraîné/retenu est évidemment lié aux ondulations de la paroi : on est entraîné à lire que cette architecture est continue, mais on en est retenu car les ondulations de cette paroi génèrent des lieux complètement coupés les uns des autres. Chaque enroulement de la paroi nous entraîne également à lire que le creux du bâtiment se fait dans le sens de l'enroulement qu'il effectue, mais on en est retenu par l'enroulement suivant qui génère un creux que l'on doit plutôt lire et ressentir de l'autre côté de la paroi.

L'effet de creux généré par un enroulement de la paroi est un effet d'ensemble, puisqu'on le retrouve dans tout le bâtiment, mais c'est aussi un effet d'autonomie puisque chaque creux apparaît d'un côté différent de cette paroi. L'effet d'ouvert/fermé va de soi : dans un sens, la paroi ondulante ferme les espaces, mais ceux-ci s'ouvrent vers l'extérieur dans le sens croisé à son enroulement. Enfin, l'effet de ça se suit/sans se suivre : tous les lieux se suivent puisque la paroi qui les génère se poursuit en continu de l'un à l'autre, mais ils ne se suivent pas puisqu'on doit les considérer tantôt d'un côté de la paroi et tantôt de l'autre.

 

 

À la troisième étape de la 3e filière, après le frémissement de la surface du bâtiment de la première étape puis la déformation de son volume à la deuxième, nous allons devoir maintenant considérer la remise en cause de l'enveloppement même qu'il procure, puisque plusieurs parois autonomes entre elles devront être utilisées pour complètement clore son volume.

 


 


 

Jakob + Macfarlane Architects : le Cube Orange à Lyon Confluence, France (2011)

Sources des images : https://www.designboom.com/architecture/jakob-macfarlane-orange-cube/
et
https://www.archdaily.com/111341/the-orange-cube-jakob-macfarlane-architects

 

 

À Lyon, sur le quai de la Saône, les architectes Dominique Jakob et Brendan MacFarlane, déjà cités pour leur extension du FRAC Centre à Orléans, on construit sur des principes semblables un Cube Orange et un Cube Vert. C'est le Cube Orange, livré en premier en 2011 que nous allons considérer pour un premier exemple d'expression analytique.

La forme cubique bien unitaire de ce bâtiment, sa couleur uniforme et la répétition des innombrables mêmes formes en rond de toutes tailles trouant plus ou moins profondément sa surface, permettent certainement de dire que son bâti est du type 1/x.

L'intention plastique des architectes a été de multiplier les trous de forme ronde en variant leurs dimensions de façon considérable, certains n'étant que des perforations dans la tôle qui recouvre les vitrages ou qui bordent la terrasse du dernier niveau, mais deux ayant des diamètres et des profondeurs qui sont hors de proportion avec les premiers. En particulier, la plus grande perforation ne se contente pas de percer la façade, elle traverse toute l'épaisseur du bâtiment et ressort verticalement sur la terrasse après avoir fait un brusque coude avec sa partie horizontale qui prend le jour à l'angle de deux façades. Les petites perforations rondes peuvent certainement participer à l'effet 1/x de la décomposition du bâti, mais le profond creusement du bas à droite du bâtiment, et surtout l'énorme tunnel coudé qui creuse le bâtiment depuis l'angle de deux façades jusqu'à sa terrasse, ne produisent aucun effet d'unité globale, s'affirmant plutôt comme des événements dramatiques, étrangers à la forme cubique du bâtiment et s'ajoutant à lui sans aucunement se fondre dans cette forme. Bref, l'intention des architectes a été d'enfermer ce bâtiment dans une forme cubique parsemée de ronds + de compléter la clôture de son volume par une paroi dont l'allure est complètement étrangère à cette forme de cube. Elle en est étrangère car sa forme en tunnel creux coudé est évidemment différente de la forme convexe du cube principal, mais aussi parce que sa surface est zébrée par une alternance de bandes horizontales continues à la différence de la surface du cube systématiquement parsemée de ronds, et aussi parce qu'elle met en communication directe le centre des façades avec le centre de la terrasse, à la différence des façades du cube qui se contentent de partager une arête avec la terrasse. Au total, l'intention des architectes a donc été d'envelopper le bâtiment par 1+1 dispositions étrangères l'une pour l'autre, et c'est pourquoi on a dit en préambule que la particularité de cette étape était que la clôture du bâtiment ne pourrait s'y réaliser que par l'addition de 1+1 parois autonomes l'une de l'autre.

Il s'agit d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément la forme globale en 1/x du bâti et le caractère 1+1 des dispositions utilisées pour réaliser sa clôture.

À la troisième étape de la 3e filière, c'est l'effet d'ensemble/autonomie qui est prépondérant. Si les façades cubiques du bâtiment et la paroi en tunnel coudé qui le traverse font bien un même effet de « surface orange », il est évident qu'elles le font de façons étrangères l'une de l'autre, et donc de façons très autonomes. On peut dire aussi que l'effet de percement rond est un effet que l'on retrouve sur l'ensemble du bâtiment, mais que ces ronds sont très autonomes puisque leurs diamètres sont très différents, puisque les uns laissent voir des fenêtres quand les autres laissent voir le ciel au niveau de la terrasse, et puisque d'autres encore creusent carrément le volume du bâtiment.

L'effet d'homogène/hétérogène est aussi très présent : la surface du bâtiment est homogènement colorée en orange, mais elle comporte des trous qui sont autant d'hétérogénéités dans cette surface et ils ont d'ailleurs des tailles et des profondeurs très hétérogènes entre elles. L'effet de rassemblé/séparé est lié au rassemblement, pour former ensemble l'enveloppe du bâtiment, de deux parties très différentes d'aspect, et donc visuellement très séparées dans notre perception. L'effet de synchronisé/incommensurable est lié à la façon dont l'enveloppement creux en tunnel coudé réussit à se synchroniser avec l'enveloppe cubique pour recouvrir en continuité l'ensemble du volume du bâtiment alors que leurs modes de génération sont incommensurables. Enfin, l'effet de continu/coupé se lit dans la continuité de l'enveloppe orange du bâtiment, marquée par la brutale coupure qui existe entre ses surfaces planes parsemées de petits ronds et sa surface en tunnel rayée par de larges horizontales, et il se lit aussi dans la continuité orange de l'ensemble des façades cubiques dont les plans sont coupés les uns des autres par des plis à l'endroit des angles du bâtiment.

 

 

 


Wang Shu : rénovation de la rue impériale Zhongshan à Hangzhou, Chine (2009)

Source de l'image : https://www.lemonde.fr/architecture/article/2018/06/29/architecture-la-puissante-modestie-de-wang-shu-et-lu-wenyu_5322975_1809550.html

 

 

Autre exemple analytique de la troisième étape de la 3e filière, les bâtiments livrés en 2009 par Wang Shu dans le cadre de la rénovation de la rue impériale Zhongshan à Hangzhou. Leurs dispositions sont presque inverses à celles du Cube Orange de Lyon : l'effet de tunnel est en effet utilisé ici pour assurer l'essentiel de l'enveloppe extérieure, et c'est maintenant une paroi plane qui est chargée de compléter l'enveloppement du volume intérieur du tunnel, et cela bien en retrait des bords qui en forment la tranche.

La continuité de l'épais voile en béton extérieur se développant en multiples zigzags ainsi que la division de son enveloppement entre ce voile/tunnel et les façades menuisées en retrait donnent à la structuration du bâti un caractère 1/x.

Par différence, l'impossibilité de lire ensemble la forme en tunnel zigzagant et l'aplat de la façade en retrait ne permet pas de lire en continuité l'enveloppement du volume : on ne peut le lire que formé d'un tunnel en béton + un aplat en menuiserie légère enfoncée à l'intérieur de ce tunnel. C'était évidemment l'intention de l'architecte qu'on lise que l'enveloppe du bâtiment est générée par l'addition de deux formes étrangères l'une pour l'autre, une intention qui est donc du type 1+1.

Comme dans l'exemple précédent il s'agit d'une expression analytique, car on peut considérer séparément le caractère compact du bâtiment et les dispositions de son architecture qui obligent à lire que son enveloppement est obtenu au moyen de 1+1 parties d'enveloppe.

L'effet d'ensemble/autonomie est obtenu par la conjonction de ces deux enveloppes aux expressions très autonomes qui forment ensemble l'allure du bâtiment. L'effet d'homogène/hétérogène se lit principalement sur la forme en tunnel dont l'aspect et l'épaisseur sont homogènes tout autour du bâtiment, mais dont les zigzags incessants génèrent les hétérogénéités de son développement. L'effet de continu/coupé est également lié à cette disposition : la paroi du tunnel en béton enveloppe le bâtiment de façon continue, mais elle est constamment coupée par des changements de direction. L'effet de rassemblé/séparé s'exprime dans l'allure générale du bâtiment qui est évidemment fait du rassemblement de deux parties d'enveloppe séparées, celle qui forme le tunnel en béton et celle qui correspond à l'habillage des façades par des panneaux en menuiserie légère.

 

 


 

Jakob + Macfarlane Architects : Wanderlust (Soif de Voyage) à la Cité de la Mode et du Design de Paris (2012) et « maison connectée » à Boulogne-Billancourt (2016 - photo de droite)

Sources des images : https://www.pinterest.fr/pin/803118546020829249/
et
https://monk.com.ua/2018/01/23/futuristicheskij-i-nerealno-krutoj-belyj-dom-v-parizhe/

 


 

 

Pour des expressions synthétiques correspondant à la troisième étape de la 3e filière nous allons retrouver les mêmes architectes que pour les expressions analytiques.

D'abord Dominique Jakob et Brendan MacFarlane avec un bâtiment de 2012 servant de bar et à accueillir du matériel de projection pour le club « Wanderlust (Soif de Voyage) » à Paris, et aussi avec une « maison connectée » construite en 2016 à Boulogne-Billancourt.

Dans le bâtiment Wanderlust, l'enveloppe du bâtiment est clairement divisée en une ossature métallique formant un squelette extérieur et une peau tendue à l'intérieur de ce squelette. Dans la maison individuelle, le squelette est également repérable à l'extérieur du volume principal, mais des surfaces de parois continues sont parfois fixées à l'extérieur de ce squelette tubulaire.

Dans les deux cas, la structure bâtie relève du type 1/x puisqu'on peut facilement lire son caractère unitaire, chaque fois renforcé par l'unité du coloris, et lire aussi son caractère fractionné puisque divisé en un squelette tubulaire et une paroi pleine. Un squelette qui est d'ailleurs chaque fois divisé en multiples tronçons de tubes, et une paroi pleine qui est très visiblement divisée en multiples panneaux dans le cas de la maison individuelle.

L'enveloppement du bâtiment est obtenu chaque fois par l'addition de parties très différentes l'une de l'autre, et même physiquement séparées, puisqu'il est le résultat de l'addition d'une paroi pleine et d'un squelette tubulaire sur lequel elle est fixée. Dans le bâtiment Wanderlust, cette paroi pleine est souple et continue, dans la maison individuelle elle se décompose en panneaux rigides bien distincts les uns des autres. Le renoncement à un matériau homogène pour envelopper le bâtiment et son remplacement par l'addition d'une structure porteuse bien visible et d'une paroi portée visiblement indépendante de cette structure relève évidemment de l'intention plastique des architectes, une intention qui est du type 1+1 (une structure tubulaire porteuse + une paroi portée), car notre perception ne nous permet pas de lire ces deux parties de l'enveloppe de la même façon, l'une relevant de tracés linéaires 1D et l'autre de la perception de surfaces 2D.

Il s'agit d'une expression synthétique puisque l'on ne peut pas considérer la lecture en 1+1 de l'enveloppe du bâtiment impliquée par l'intention plastique des architectes sans percevoir le caractère à la fois un et multiple de la structure de cette enveloppe.

La décomposition en squelette porteur + paroi portée autonome implique évidemment un effet d'ensemble/autonomie. La couleur homogène utilisée pour chaque bâtiment produit un effet d'homogène/hétérogène puisque cette même couleur rassemble deux parties hétérogènes l'une pour l'autre, l'une qui sert de squelette porteur et l'autre qui sert de paroi opaque. Cet effet vaut aussi pour le contraste de leurs aspects, puisque l'une est faite de tubes ronds discontinus qui provoquent une hétérogénéité à chacune de leurs attaches et que l'autre est faite de surfaces homogènes continues. L'effet de rassemblé/séparé va de soi : le squelette portant et la paroi portée sont à la fois visuellement séparés et techniquement rassemblés. Dans le bâtiment Wanderlust, l'effet de synchronisé/incommensurable se rapporte au contraste entre le quadrillage régulier, et donc synchronisé de l'ossature tubulaire, et d'autre part les formes parfois convexes et parfois concaves de la paroi tendue sur cette ossature, les formes convexes et les formes concaves étant incommensurables entre elles pour notre perception. Dans le même bâtiment, l'effet de continu/coupé est obtenu par le contraste entre la continuité de la peau tendue sur l'ossature et les coupures constantes que la présence de cette ossature occasionne pour la perception de cette peau, du moins depuis l'extérieur du bâtiment. Il y est aussi obtenu par l'allure même de cette ossature, à la fois continue et constamment coupée par des croisements de tubes.

 

 

 


Wang Shu : l'un des bâtiments de l'Université d'Art d'Hangzhou, Chine (2009)

Source de l'image : https://iwan.com/portfolio/wang-shu-new-academy-of-art-hangzhou/

 

 

Pour un autre exemple d'expression synthétique de la troisième étape, l'un des bâtiments l'Université d'Art d'Hangzhou, livré par l'architecte chinois Wang Shu en 2009. Sa particularité est de se décomposer, comme le bâtiment Wanderlust, en une paroi continue et une paroi tubulaire qui lui est extérieure. Par différence toutefois, la paroi continue n'est pas complètement opaque mais percée de multiples fenêtres carrées aux dimensions variables. Par différence aussi, la paroi tubulaire ne forme pas un quadrillage, elle est constituée de poteaux verticaux introduits entre les débords des planchers horizontaux qui découpent la paroi en étages successifs.

Ce qui a été dit pour les exemples précédents vaut de la même façon ici : la structuration du bâti relève du type 1/x car elle est à la fois très unitaire et découpée en multiples étages parsemés de multiples fenêtres et fractionnés par une multitude de poteaux, tandis que l'intention plastique relève du type 1+1 puisque, sur une paroi continue 2D, vient s'ajouter une paroi formée de poteaux espacés qui se lisent comme autant de trajets 1D, et cette paroi discontinue ne fusionnant nullement avec la première mais en gênant au contraire la lecture.

Cette fois encore, nous voyons donc que l'enveloppe d'un bâtiment relevant de la troisième étape de la 3e filière ne se réalise pas au moyen d'une seule paroi car l'intention plastique de l'architecte impose l'addition de deux parois étrangères l'une pour l'autre.

Il s'agit d'une expression synthétique puisque l'on ne peut pas considérer la présence de la paroi continue sans s'affronter à la présence de la paroi discontinue qui lui fait partiellement écran. L'analyse des effets plastiques serait semblable à celle de l'exemple précédent.

 

 

À la quatrième étape de la 3e filière, l'intention plastique arrête de perturber l'unité structurelle du bâtiment, ce qu'elle avait fait de plus en plus énergiquement lors des trois étapes précédentes. Sans diminuer pour autant l'énergie de son affirmation, elle amorce son processus de fusion avec la structuration du bâti. En fait, à la quatrième étape le bâti et l'intention s'accordent pour se répartir les rôles : la structure du bâti se charge d'affirmer l'unité du bâtiment pendant que l'intention plastique se charge d'accuser les divisions de cette unité. Dans cette répartition l'intention ne contrarie pas le caractère 1/x du bâti puisqu'elle contribue à l'affirmer, mais les divisions qu'elle occasionne dans le volume ou dans l'aspect du bâtiment doivent toujours pouvoir également se lire en 1+1 intentions.

 

 


3XN : UN City à Copenhague, Danemark (2012 et 2013)

Source de l'image : https://www.domusweb.it/en/news/2013/07/3/_3xn_un_city_copenhagen.html

 

 

On envisage d'abord l'expression analytique de cette répartition avec un bâtiment « UN City » conçu par l'agence d'architecture danoise 3XN pour les Nations Unies, livré en 2012 à Copenhague. Sur son site internet de présentation, il est notamment indiqué que son directeur de la création est Kim Herforth Nielsen (né en 1954, l'un des trois Nielsen à l'origine de la fondation de l'agence) et que son chef de design est Jan Ammundsen (né en 1972).

En vue aérienne, le caractère globale-ment unitaire et divisé en multiples branches de ce bâtiment est bien lisible. Par contre, depuis le sol ou depuis un bateau, ces multiples branches, chacune correspondant à l'intention de s'étirer plus ou moins longuement et de pointer vers une direction qui lui est propre, paraissent s'échelonner en 1+1 intentions de longueur et direction tout autour du noyau unitaire du bâtiment. L'existence d'un noyau central reliant les diverses branches structure le bâtiment selon le type 1/x, et les 1+1 directions autonomes vers lesquelles pointent plus ou moins longuement ces diverses branches révèlent le type 1+1 des intentions plastiques auxquelles cette structuration en étoile a été soumise. On voit bien ici que ces 1+1 intentions de pointer dans une direction particulière et de le faire plus ou moins longuement ne contrarient pas le caractère 1/x de la façon dont ces branches se raccordent sur le noyau du bâtiment, elles contribuent au contraire à affirmer le caractère multiple du bâtiment tandis que pour sa part ce noyau contribue à affirmer l'unité du bâtiment. Ce qui correspond bien à la répartition des rôles annoncée en préambule.

Cette expression est analytique puisque l'on peut considérer séparément l'unité du bâtiment divisé en multiples branches et le caractère dispersé des directions prises par ses multiples branches, et séparément aussi du caractère variable de leurs longueurs.

À la quatrième étape de la 3e filière l'effet prépondérant est l'ouvert/fermé : on a ici un bâtiment bien compact, donc bien fermé sur lui-même, mais que ses multiples branches ouvrent vers toutes les directions. Par ailleurs, le creux entre deux branches successives forme un volume qui s'ouvre vers le lointain mais qui se referme lorsqu'on le considère en regardant vers le centre du bâtiment.

L'effet de lié/indépendant va de soi : le bâtiment est fait de branches bien indépendantes liées à un noyau qui les relie. Ces branches ont à la fois un même aspect pour leurs façades et des longueurs et des directions très différentes, ce qui correspond à un effet de même/différent (étant précisé que les façades plates que l'on voit en arrière-plan correspondent à des parties du bâtiment qui n'étaient pas terminées lorsque la photographie a été prise). Les différentes branches font ensemble un même bâtiment : c'est un autre aspect de cet effet. L'extérieur de chaque branche est à l'intérieur du volume du bâtiment, et à l'endroit de chaque creux entre deux branches voisines l'espace extérieur pénètre profondément à l'intérieur du périmètre du bâtiment, ce qui correspond à deux effets d'intérieur/extérieur. Enfin, le bâtiment est évidemment à la fois un et multiple.

 

 

 


Alejandro Aravena : Centre d'Innovation sur le campus San Joaquín de l'Université Catholique du Chili, à Santiago (2014)

Source de l'image : https://www.disenoarquitectura.cl/obras-arquitectura-centro-de-innovacion-uc-anacleto-angelini-de-alejandro-aravena-elemental/

 

 

Pour un autre exemple analytique de la quatrième étape de la 3e filière, le Centre d'Innovation construit en 2014 sur le campus San Joaquín de l'Université Catholique du Chili, à Santiago. Comme le bâtiment de la Sté Novartis à Shanghai analysé à l'occasion de la 2e filière, il a été conçu par l'architecte chilien Alejandro Aravena.

On peut d'ailleurs utilement comparer ces deux bâtiments qui ont tous les deux un caractère très massif, compact, et qui sont tous les deux très visiblement générés par l'agglutination de gros parallélépipèdes aveugles en béton laissant des interstices entre eux pour assurer l'éclairage des volumes intérieurs. Si, dans le bâtiment de Shanghai, tous les blocs de béton se coordonnent pour générer un bâtiment dont la forme parallélépipédique globale est bien lisible, ici, de place en place, certains blocs débordent et semblent s'échapper du volume cubique principal. Dans la 2e filière, l'intention plastique relevait du type 1/x et pouvait donc s'associer au type 1/x du bâti, mais dans la 3e filière elle relève du type 1+1 et doit cette fois montrer qu'elle apporte des effets qui s'ajoutent indépendamment les uns des autres et qui ne font rien ensemble.

Bien qu'ils s'échappent de façon énergique de la masse du bâtiment, la présence de ces blocs s'en échappant selon des intentions de direction autonomes les unes des autres ne remet toutefois pas en cause le caractère compact, massif et unitaire du bâtiment. Ils contribuent même au caractère 1/x de celui-ci, puisque ce caractère résulte de sa décomposition en multiples blocs agencés dans un bâtiment compact et que ces blocs à l'indépendance relative s'intègrent bien dans son aspect « multiple ». Sans nuire à ce caractère, ils se chargent toutefois d'apporter aussi un effet 1+1 qui est lié aux 1+1 intentions de direction qu'ils manifestent.

Comme dans l'UN City il s'agit d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément le caractère 1/x de la compacité du bâti et l'effet 1+1 produit par les ailes du bâtiment qui s'en échappent. On ne détaille pas les divers effets plastiques concernés dès lors que, pour l'essentiel, il suffit de se rapporter à l'analyse de l'UN City de Copenhague.

 

 



 

Barbosa & Guimarães Arquitectos : Douro Marina,Vila Nova de Gaia, Portugal (2013)

Source des images :  http://www.barbosa-guimaraes.com/recent-projects/douro-marina/


 

 

Comme exemple synthétique de la quatrième étape de la 3e filière, les bâtiments de la Marina de Vila Nova de Gaia au Portugal, livrés en 2013 par les architectes José António Barbosa et Pedro Lopes Guimarães, près de l'embouchure du Douro, juste en face de Porto.

Cette construction comporte un long bâtiment principal et deux annexes qui lui sont perpendiculaires, un peu au-delà de l'une de ses extrémités. Ce bâtiment principal s'inscrit dans une très longue forme parallélépipédique scandée de façon systématique par un graphisme constamment modifié venant en applique sur son volume et se poursuivant même sur sa toiture. Par ailleurs, sa façade est irrégulièrement coupée par une ligne horizontale qui sépare surfaces opaques et vitrées, lesquelles inversent parfois leur position entre le haut et le bas. Pour sa part, l'entrée principale est vitrée sur toute sa hauteur.

Le caractère très unitaire de la structuration du bâtiment, ses multiples divisions par la grille graphique qui le recouvre et ses séparations entre surfaces pleines et surfaces vitrées, la font relever du type 1/x.

L'intention plastique des architectes correspond à l'animation des façades par superposition d'une grille graphique irrégulière. Dans son principe même, cette grille vient clairement s'ajouter en +1 sur le volume du bâtiment, sans se fondre à ses surfaces. Son déroulement le long du bâtiment relève aussi du type de 1+1 puisqu'il accumule 1+1 motifs différents les uns à côté des autres sans faire ensemble un motif global unifié : leur rythme ne cesse de se modifier, tout comme l'allure de leur graphisme, parfois vertical, parfois arrondi vers la droite, parfois arrondi vers la gauche, parfois fortement arrondi, parfois à peine arrondi et parfois décomposé en deux arrondis superposés différents entre eux.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas considérer la continuité unitaire du bâtiment sans s'affronter à la présence de la grille aux 1+1 motifs successifs qui recouvre toutes ses surfaces et en gêne donc la perception.

L'effet d'ouvert/fermé se lit dans le contraste entre les surfaces opaques et les surfaces vitrées, mais aussi dans la façon dont la grille graphique qui enferme le bâtiment reste largement ouverte puisqu'elle laisse voir l'essentiel de ses surfaces. Cette grille forme une animation très indépendante des surfaces du bâtiment tout en étant constamment collée à elle, et donc liée à elle : effet de lié/indépendant. Un même principe de grille recouvre l'ensemble du volume du bâtiment, mais son graphisme est constamment différent d'un endroit à l'autre : c'est un effet de même/différent, un effet qui se retrouve aussi dans le fait qu'un même bâtiment comporte deux parties différentes, son volume proprement dit et la grille graphique qui l'enveloppe. L'extérieur du volume du bâtiment est à l'intérieur de cette grille graphique : c'est un effet d'intérieur/extérieur. Enfin, le bâtiment apparaît clairement comme « un » dans son volume et multiple du fait de ses parois qui alternent les surfaces pleines et les surfaces vitrées, et du fait des divisions occasionnées à ses surfaces par la grille qui les recouvre : c'est un effet d'un/multiple.

 

 

À la cinquième et dernière étape de la troisième filière, la réconciliation entre le caractère 1+1 des intentions plastiques et le caractère 1/x de la structuration du bâti s'opère enfin : elles ont trouvé un moyen de se mettre parfaitement en relation malgré la divergence de leurs types.

 

 


Plasma Studio : immeuble à Sesto, Italie (2012)

Source de l'image : https://www.plasmastudio.com/en/project/dolomitenblick-36

 

 

L'exemple analytique pour rendre compte de leur mariage sera l'immeuble d'habitation construit en 2012 à Sesto, en Italie, par l'agence d'architecture Plasma Studio, fondée par l'Argentine Eva Castro (née en 1969) et par l'Allemand Holger Kehne (né en 1970).

Le caractère multiple de la structure du bâtiment est clairement affirmé par sa division en balcons régulièrement superposés et séparés les uns des autres par un franc vide. Pour donner au bâti un type 1/x, ce caractère multiple est complété par l'aspect unitaire dû à l'unicité du matériau en ardoise qui recouvre la façade des balcons et à l'unicité du matériau en bois qui recouvre leurs plafonds. Cet aspect unitaire est évidemment renforcé par la grande saignée oblique qui relie en continu le haut et le bas du bâtiment, et qui se prolonge même dans les murs de soutènement du terrain situés sous l'immeuble. Même si les plans qui génèrent cette saignée sont cassés en arrivant au soubassement, leurs arêtes obliques sont toujours continues, ce qui vaut aussi pour les arêtes d'extrémité des balcons successifs.

L'intention plastique des architectes a porté sur la forme des ondulations horizontales des balcons et de la toiture. Certes, verticalement leurs plis successifs s'arrangent pour générer la saignée oblique continue de la partie centrale, mais dans le sens horizontal ils forment une suite de plis dont l'angle, la longueur et l'inclinaison par rapport à la verticale se modifient d'un étage à l'autre, et cela sans que l'on puisse distinguer un rythme quelconque qui donnerait une allure unitaire à ces ondulations. Si ces plis participent dans le sens vertical au caractère 1/x du bâtiment, dans le sens horizontal ils construisent donc à chaque étage une succession de 1+1 plis plus ou moins longs, plus ou moins inclinés et formant des angles plus ou moins serrés.

La participation simultanée de ces 1+1 plis horizontaux à l'effet de saignée qui contribue au caractère 1/x du bâti est une façon, à la dernière étape de la 3e filière, de concilier le type 1/x du bâti et le type 1+1 des intentions plastiques qu'il porte, car cette participation permet de les lire dans un sens comme 1+1 plis autonomes se succédant horizontalement, et dans le sens croisé comme s'alignant pour former la grande saignée oblique au type 1/x. Cette faculté de lire les intentions architecturales aussi bien en 1+1 qu'associées au caractère 1/x de la structuration du bâti est très exactement ce que l'on devait obtenir à la dernière étape de la phase d'émergence pour pouvoir passer à la phase suivante. Il s'agit ici d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément le caractère 1+1 de la succession des plis horizontaux et le caractère 1/x de leur rassemblement dans une grande saignée oblique continue.

À la dernière étape, l'effet prépondérant est le ça se suit/sans se suivre : les façades des balcons et le soubassement de l'immeuble se suivent effectivement selon des plans obliques continus, principalement à l'endroit de la saignée centrale, mais toutes ces façades sont formées par des bandes en ardoise horizontales parallèles entre elles et qui ne se suivent donc pas puisque, les unes au-dessus des autres, elles vont chacune leur propre chemin.

L'effet de regroupement réussi/raté correspond principalement au regroupement des plans des balcons dans la même saignée centrale oblique et dans le plan que forment ensemble les façades principales des balcons, un regroupement qui échoue dans la partie gauche du bâtiment puisque les façades des balcons y perdent leur alignement, mais aussi en soubassement où les plans latéraux de la saignée sont brusquement cassés. L'effet d'horizontalité est fait sur les façades principales des balcons, il est défait sur ces mêmes balcons à l'endroit de la saignée centrale qui affirme en contraste un aspect presque vertical : effet de fait/défait, auquel on peut aussi ajouter que le bâtiment semble se briser à l'endroit de sa saignée oblique. L'effet de relié détaché concerne également cette saignée puisqu'elle relie sur des surfaces continues des balcons qui, par ailleurs, sont bien détachés les uns des autres. Enfin, l'effet du centre/à la périphérie nous déstabilise en donnant l'impression que le bâtiment s'affaisse en se pliant au niveau de son soubassement.

 

 

 


FR-EE / Fernando Romero : Musée Soumaya à Mexico (2011)

Source de l'image : https://homesthetics.net/impressive-steel-building-museo-soumaya-granada-mexico-free-fernando-romero-enterprise/

 

 

Pour terminer cette 3e filière, deux exemples d'expression synthétique de sa dernière étape.

D'abord, le Musée Soumaya de Mexico livré en 2011 par l'architecte mexicain Fernando Romero. Sa forme extérieure se présente comme une enveloppe complètement aveugle qui se tortille dans tous les sens tout en générant au total un volume très compact. Cet aspect compact, continu, massif, mais simultanément divisé en portions de surface qui se déforment vers de multiples directions, donne à la structuration du bâti un évident caractère 1/x. Quant à elle, l'intention plastique de l'architecte a consisté à procurer à cette surface des déformations partout différentes : ici fortement creusée, là moins creusée mais plus fortement tordue, ailleurs plutôt en saillie, etc. Au total, on ne peut lire aucune régularité dans leur évolution et on ne peut les lire que comme 1+1 déformations qui se succèdent comme au hasard les unes après les autres.

Bien sûr, comme on l'a dit, on peut aussi ressentir que ces déformations génèrent de multiples creux et de multiples excroissances qui participent du caractère 1/x de ce bâtiment compact à la surface continue, et c'est précisément ce qui montre que l'on est arrivé à la dernière étape, celle où l'intention plastique peut se lire aussi bien en 1+1 qu'en 1/x, car malgré un caractère 1+1 préservé elle a trouvé ici le moyen de se marier avec le caractère 1/x du bâti.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas lire l'aspect multiple des déformations de ce volume compact sans s'affronter à leur irrégularité, et donc au caractère 1+1 de l'intention qui les a générées.

L'effet de ça se suit/sans se suivre est évidemment lié à l'irrégularité des courbures de la surface, tantôt concaves et tantôt convexe, tantôt très faiblement courbées, tantôt moyennement courbées, et tantôt brusquement courbées. Si la surface se poursuit toujours en continu, le sens de ses courbures ne cesse de se modifier et la forme adoptée par une courbure ne se poursuit donc pas d'un endroit à l'autre.

L'effet de regroupement réussi/raté correspond au regroupement de toute la surface du bâtiment dans une même enveloppe continue recouverte d'un même motif de pavage, un regroupement qui est raté si l'on considère que les courbures concaves et convexes qui affectent cette surface en isolent des parties qui ressortent distinctement et ne se fondent donc pas dans l'uniformité d'aspect de la surface du bâtiment. Idem pour l'effet de relié/détaché : toute la surface est reliée en continu, mais des parties saillantes s'en détachent visuellement. Quant à l'effet du centre/à la périphérie, il est lié à notre déstabilisation face à une telle surface qui ne cesse de se dérober et qui nous laisse donc désemparés du fait de l'impossibilité de bien saisir la forme du bâtiment. Cette forme qui se défait en se tordant de façon irrégulière dans tous les sens implique évidemment un effet de fait/défait.

 

 

 


MAD : Absolute Towers, à Mississauga, Ontario, Canada (2012)

Source de l'image : https://www.archdaily.mx/mx/02-221167/absolute-towers-mad-architects

 

 

Dernier exemple synthétique dont le principe est très similaire au musée Soumaya : les deux « Absolute Towers » livrées en 2012 à Mississauga, au Canada, par le Chinois Ma Yansong de MAD Architects.

Chaque tour est bien compacte et se divise en multiples étages bien séparés les uns des autres par des débords de balcons continus sur tout leur périmètre, ce qui procure à la structuration du bâti un caractère 1/x.

Les déformations qui font onduler ces tours correspondent évidemment à l'intention plastique de l'architecte, et comme elles ne disposent d'aucune régularité elles s'ajoutent en 1+1 du bas jusqu'en haut de chaque tour et d'une tour à l'autre. Toutefois, ces contorsions peuvent aussi bien apparaître comme une façon de diviser le volume de chaque tour en grandes régions distinctes, le caractère 1/x alors induit pour ce volume s'ajoutant au caractère 1/x de plus petite échelle procuré par sa division en multiples étages. Comme il en allait pour le musée Soumaya de Mexico, les 1+1 ondulations du bâtiment concilient ainsi leur caractère 1+1 avec l'aspect 1/x du bâti.

Il s'agit d'une expression synthétique puisqu'on ne peut pas lire la décomposition de chaque tour en multiples parties déhanchées sans s'affronter à l'irrégularité sans logique apparente de ces déhanchements, et donc au caractère 1+1 de l'intention de déhanchement qui leur correspond.

L'effet prépondérant de ça se suit/sans se suivre est lié au fait que si l'on peut suivre verticalement en continu les ondes de déhanchement de la surface d'une tour, on peut tout aussi bien considérer que les lignes qui définissent sa surface ne suivent pas ces ondulations mais les lignes horizontales des débords des balcons.

On peut regrouper visuellement l'ensemble du volume de chaque tour dans un volume aux surfaces lisses uniformément rayées de courbes horizontales, mais les déformations liées à leur déhanchement font visuellement ressortir des renflements bien marqués qui ne se laissent pas regrouper indistinctement dans le volume compact des tours : effet de regroupement réussi/raté. L'effet de relié/détaché s'en déduit : la surface de chaque tour est uniformément reliée par les lignes continues que forment les débords de balcon, mais les torsions de cette surface amènent des plis saillants ou bien des creux à se détacher visuellement. Par ailleurs, si ces débords de balcon relient la surface dans le sens horizontal, on peut également en dire qu'ils se détachent visuellement les uns des autres dans le sens vertical.  Ces tours sont bien faites, puisqu'elles se dressent verticalement avec des balcons régulièrement détachés les uns des autres, mais on peut aussi considérer qu'elles sont défaites puisqu'elles se déhanchent dans tous les sens comme si un tremblement de terre était en train de les secouer et de les désarticuler. Cette désarticulation apparente déstabilise notre sens de l'équilibre et intervient donc elle aussi dans l'effet de centre/à la périphérie. Comme pour le musée Soumaya, l'incapacité où l'on est de bien saisir ces formes qui se dérobent continuellement nourrit également cet effet de déstabilisation.

 

 

 

12.2.4.  L'évolution de la 4e filière de la phase d’émergence de l'ontologie Produit-Fabriqué/intention, filière dans laquelle PF est du type 1+1 et i du type 1/x :

 

Dans la 4e filière, l'intention que l'architecte rend spécialement visible relève du type 1/x tandis que le bâtiment se décompose structurellement en parties autonomes les unes des autres et s'ajoutant en 1+1. Dans la 3e filière, le caractère 1/x donnait au bâtiment un aspect unitaire et compact que le type 1+1 de l'intention plastique tendait à chahuter, à distordre, maintenant c'est donc au tour de l'intention de permettre une lecture unitaire du bâtiment malgré sa décomposition en morceaux indépendants les uns des autres, d'ailleurs souvent très écartés les uns des autres.

 

 


 

Studio Velocity : maison à Aichi, Japon (2019)

Source des images : https://www.archdaily.com/936283/house-surrounded-by-hedges-studio-velocity


 


 

 

 

Comme exemple d'expression analytique de la première étape de la 4e filière, une vaste maison individuelle conçue par l'agence japonaise Studio Velocity, construite en 2019 à Aichi, au Japon.

La particularité du bâti de cette maison est que les sols, les cloisonnements et les toitures forment trois ensembles distincts évoluant chacun séparément des autres, chacun étant également discontinu et ne manifestant aucune régularité : sols, volumes cloisonnés et toitures s'ajoutent donc en 1+1 et, à l'intérieur de chacun de ces ensembles, ses différents éléments s'ajoutent en 1+1 parties autonomes. Sur le plan, on voit en effet les sols en parquet formant des « blobs » orangés irréguliers et non jointifs entre eux, les sols en béton formant d'autres « blobs » gris également irréguliers en taille et non jointifs, la partie couverte du bâtiment (limite en pointillés) comprenant pour partie des sols végétalisés aux limites irrégulières et non jointifs entre eux, auxquels il faut ajouter les végétaux situés dans des bassines ou dans des bacs installés sur les parties de sols en béton ou en parquet. Les volumes cloisonnés forment eux aussi des unités aux tailles très variées et bien indépendantes les unes des autres, chacune en forme de boîte parallélépipédique munie de son propre toit. Ces boîtes sont reliées par un vaste volume qui est fermé en périphérie par des vitrages continus, volume vitré qui ne coïncide ni avec les limites des sols parquetés (parfois en retrait et parfois allant au-delà de ce volume), ni avec les surfaces de toiture qui sont toujours en débord, parfois très importants, sur ce volume vitré dont les vitrages viennent se raccorder à la sous-face de la toiture. Quant à cette toiture, elle est faite d'éléments séparés nettement disjoints, situés à des hauteurs différentes, aux pentes différentes et aux sens de pente différents.

La structuration du bâti est donc clairement faite de 1+1 ensembles distincts assurant séparément et sans aucune coordination les fonctions de sol, d'enveloppe et de toiture, chacun de ces ensembles étant lui-même obtenu par 1+1 éléments distincts bien autonomes les uns des autres. Malgré l'absence complète d'unité et de continuité du bâti, l'intention des architectes a toutefois été de coordonner les éléments bâtis disparates pour qu'ils procurent une continuité aux différents aspects de la vie de la famille qui habite cette maison, répartissant ses différents usages dans des lieux à la fois bien distincts et réunis dans une même continuité globalement fonctionnelle : là une chambre, ailleurs une autre chambre, ailleurs encore une cuisine et à proximité un lieu pour prendre les repas, ailleurs des pièces pour la toilette, etc. Et même si les sols, les cloisonnements et les toitures sont disjoints, tous les usages principaux de l'habitation peuvent se faire en continuité dans un volume fermé, muni d'un sol circulable et à l'abri d'une toiture. L'intention concernant l'usage de la maison est donc du type 1/x : une unité d'habitation continue divisée en multiples lieux. Le traitement plastique des espaces contribue aussi à ce caractère 1/x du fait de l'uniformité d'aspect, notamment de couleur, des différents sols en béton, des différents sols en parquet, des différents cloisonnements, des différentes menuiseries vitrées et des différents éléments de toiture.

À cette première étape, l'incompatibilité entre le caractère 1+1 du bâti et 1/x de l'intention est résolue par l'autonomie entre les dispositions du bâti et les dispositions concernées par l'intention. Ainsi, la répartition des différents usages se déroule dans le bâtiment indépendamment de ses dispositions physiques, et la continuité des usages voulue par l'intention est horizontale tandis que les discontinuités du bâti se lisent plutôt verticalement : le plan des sols ne correspond pas à celui des cloisonnements implantés au-dessus, qui ne correspond pas lui-même au plan des toitures encore au-dessus. Et tandis que l'intention des architectes s'affirme notamment par l'unité des matériaux et de leurs coloris, l'aspect 1+1 du bâti est procuré par l'autonomie de dispositions purement spatiales : l'étendue et la nature du sol, la position et la nature des cloisonnements, le morcellement physique de la couverture.

Il s'agit d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément le caractère disjoint des différents éléments du bâti et l'unité du lieu de vie familial qu'il procure, cette unité étant rendue visible par la continuité fonctionnelle horizontale des différents lieux de vie, mais aussi par l'aspect de « paquet groupé » du bâti, lequel est notamment permis la « presque-butée » les uns contre les autres des différents éléments de sa toiture.

À la première étape de la 4e filière, l'effet prépondérant est le synchronisé/incommensurable. Son aspect principal est certainement la synchronisation réussie des différents éléments constituant le bâti (sol, cloisonnements, toiture) dans un lieu globalement utilisable de façon confortable malgré leur incommensurabilité qui résulte de leur complète autonomie. On peut aussi évoquer la synchronisation des divers éléments de toiture pour couvrir en continuité la surface intérieure du bâtiment malgré l'incommensurabilité de leurs pentes et des directions de ces pentes.

L'effet de regroupement réussi/raté est lié au regroupement réussi de l'ensemble des dispositions du bâti pour faire un lieu d'usage globalement continu et unifié, ce regroupement étant raté du fait de l'autonomie des différents éléments du bâti dont les plans respectifs ne se superposent pas. L'effet de fait/défait correspond à la même disjonction entre usage et bâti. L'effet de relié/détaché correspond au fait que les différents éléments du bâti, bien qu'autonomes et donc détachés les uns des autres, savent se relier pour assurer ensemble un lieu de vie cohérent. Il se lit aussi dans la toiture dont les différents éléments sont nettement détachés les uns des autres mais se relient dans une surface qui protège en continu l'espace intérieur de la maison. L'effet du centre/à la périphérie utilise le fait que les divers volumes élémentaires de la maison, chacun couvert par un élément de toiture particulier, butent les uns contre les autres sur toute leur périphérie. Il résulte aussi de notre déstabilisation face à l'incohérence entre la disposition des sols, des cloisonnements et des toitures.

 

 


 

 

Ryue Nishizawa : maison Moriyama à Tokyo (2005)

Maquette d'ensemble et vue d'une cour intérieure

Sources des images : https://www.deviantart.com/akikumiko/art/Moriyama-House-1-260009489
et
https://www.pinterest.at/pin/335307134726305716/


 

Pour un exemple d'expression synthétique de la première étape de la 4e filière, nous restons au Japon où nous retrouvons l'architecte Ryue Nishizawa dont nous avons envisagé le musée de Teshima dans le cadre de la 1e filière. La maison Moriyama qu'il a livrée en 2005 à Tokyo a maintenant une réputation internationale. Elle est due à son bâti qui n'est pas continu mais morcelé en une dizaine de plots complètement séparés les uns des autres. Il faut toutefois relativiser l'inconvénient pour l'usage de ce morcellement puisque six de ces plots sont loués à des locataires différents, mais il n'en reste pas moins que le propriétaire, Monsieur Moriyama, occupe lui-même quatre plots séparés et que leur usage implique qu'il sorte parfois à l'extérieur pour passer de l'un à l'autre, notamment pour utiliser sa salle de douches qui occupe un plot indépendant. Outre l'usage au quotidien des placettes et des ruelles qui séparent les divers plots, la terrasse du bloc le plus central est accessible par un escalier et sert de salle de réception commune pour des festivités occasionnelles.

Structurellement, ces blocs sont franchement séparés les uns des autres, et puisqu'ils ne se regroupent pas dans une grande forme d'ensemble lisible qui les unirait, ils s'ajoutent seulement en 1+1 les uns à côté des autres. Leur commune forme parallélépipédique, la couleur blanche qui les unifie ainsi que l'usage d'un même type d'ouvertures carrées ou rectangulaires, relèvent de l'intention de faire de cet ensemble de blocs disparates un îlot d'habitation cohérent destiné à la vie quotidienne de son propriétaire et de ses locataires. Cette intention d'usage en groupe d'un même îlot d'habitation plastiquement unifié, lequel îlot est divisé en multiples usages réparties dans ces multiples plots, relève du type 1/x.

Comme dans l'exemple analytique précédent, ce sont des aspects étrangers à la décomposition physique en blocs séparés autonomes qui les mettent en relation : l'uniformité de leur style et l'unité fonctionnelle de leur usage en habitat « presque communautaire ».

Il s'agit d'une expression synthétique, puisque l'on ne peut pas considérer le caractère unitaire de l'usage de cet îlot d'habitation sans s'affronter à la séparation de ses diverses fonctions en des plots séparés, c'est-à-dire sans avoir à envisager l'incommodité d'usage qui résulte de la nécessité de sortir à l'air libre pour passer d'un lieu à un autre, et cela malgré le climat japonais qui n'est pas toujours adapté à une telle façon de vivre.

L'effet de synchronisé/incommensurable concerne la façon dont les différents plots réussissent à se coordonner pour générer une densité homogène d'occupation du sol malgré leurs formes très dissemblables qui rendent leurs implantations incommensurables : certains ont des allures très verticales, d'autres sont très plats, certains sont carrés et d'autres rectangulaires, lesquels rectangles sont soit orientés dans un sens, soit orientés dans un sens perpendiculaire. Cet effet a aussi à voir avec les raisons insaisissables qui font que la dispersion de ces plots séparés n'empêche pas de générer un habitat que l'on ressent cohérent grâce à leur complémentarité.

L'effet de regroupement réussi/raté est bien entendu lié au regroupement réussi de tous ces plots dans une même habitation alors qu'ils peuvent toujours être lus comme étant autonomes, et donc non regroupés avec les autres. L'effet de fait/défait fonctionne de la même façon : l'unité fonctionnelle de la maison est faite, elle est défaite par la séparation des diverses fonctions dans des plots bien distincts séparés les uns des autres. L'effet de relié/détaché se rapporte à la façon dont les diverses places et allées qui détachent les différents plots les uns des autres sont aussi le moyen par lequel ils restent fonctionnellement reliés puisqu'elles servent à circuler de l'un à l'autre. Si l'on dit que chaque plot est un centre de vie autonome, alors on constate que chacun de ces centres est entouré, sur toute sa périphérie, de centres de vie similaires, ce qui correspond à un effet de centre/à la périphérie. Cet effet joue aussi de notre déstabilisation lorsqu'on constate qu'il s'agit d'une seule maison et qu'elle n'est pas regroupée dans un volume continu.

 

 

 


Ryue Nishizawa : Maison et Jardin à Tokyo (2011)

Source de l'image : https://www.yellowtrace.com.au/outdoor-rooms/garden-house-tokyo-by-ryue-nishizawa-sanaa-photo-iwan-baan-yellowtrace-33/

 

 

Dans la maison Moriyama, Ryue Nishizawa a exploré la décomposition horizontale d'un bâtiment en 1+1 plots séparés. Dans la maison que nous examinons maintenant et qu'il a aussi livrée à Tokyo, cette fois en 2011, il a exploré la décomposition verticale d'une même habitation en étages indépendants qui s'ajoutent en 1+1 étages les uns au-dessus des autres. C'est sur une parcelle de 4 m de large qu'il a construit sur cinq niveaux cette maison qui ne possède aucune enveloppe extérieure pour la regrouper dans un même volume, et la différence d'aspect et de disposition entre ces différents niveaux contribue à les faire ressentir structurellement comme 1+1 étages sans relation apparente entre eux. Il s'agit pourtant d'une seule et même habitation, et la présence abondante de plantes à chacun de ces niveaux indique que l'intention est bien ici de faire une seule habitation divisée en multiples étages, et donc que l'intention fonctionnelle est du type 1/x.

Comme dans l'exemple précédent, l'absence d'enveloppe continue génère probablement des restrictions d'usage pendant l'hiver, ce qui renforce l'impression que le caractère 1+1 de cet empilement d'étages contraste délibérément avec l'intention d'en faire un appartement continu utilisé par une même famille. Et comme dans les exemples précédents, on voit qu'à la première étape de la 4e filière, la mise en relation des différentes parties du bâtiment coupé en 1+1 parties est obtenue par des dispositions qui sont étrangères à la disposition qui sert à réaliser cette division. Ici, ce qui permet cette mise en relation est l'empilement exact des étages l'un sur l'autre, la généralisation d'une forte végétation, et l'organisation fonctionnelle qui permet que le bâtiment serve d'appartement à une même famille.

 

 

À la deuxième étape de la 4e filière, l'intention de l'architecte ne se contente plus de fournir une raison de « faire ensemble » à des parties de bâtiments séparées les unes des autres, elle révèle maintenant la complémentarité fonctionnelle de parties de bâtiments qui, autrement, seraient parfaitement étrangères entre elles.

 

 


Sou Fujimoto : toilette publique d'une station de chemin de fer à Ichihara, Japon (2011)

Source de l'image : https://www.designboom.com/architecture/sou-fujimotos-public-toilet-in-ichihara-is-a-garden-escape-10-29-2013/

 

 

L'exemple d'expression analytique le plus radical de constructions indépendantes mais fonctionnellement complémentaires dans le cadre d'une intention qui les rassemble est certainement cette toilette publique livrée en 2011 par l'architecte japonais Sou Fujimoto pour une station de chemin de fer à Ichihara. Cette installation se compose bien entendu de l'équipement sanitaire nécessaire, une cuvette de WC et un lavabo, et cet équipement est installé à l'intérieur d'une cabine en verre qui protège de la pluie et du froid. Mais qui ne protège pas de la vue, et c'est là qu'intervient le second élément de cette installation : une palissade qui fait le tour d'un grand terrain et dont la porte d'entrée donne accès à la cabine après un assez long parcours à travers son espace végétal.

La protection à la vue et la protection contre la pluie et le froid sont donc ici complètement déconnectées, réparties sur des constructions très éloignées l'une de l'autre : la structure du bâti est donc du type 1+1. Malgré leur éloignement, ces constructions assurent en complémentarité les différentes fonctions voulues par l'intention d'utiliser cet équipement en toilette publique : l'intention fonctionnelle est par conséquent du type 1/x. Il convient toutefois de préciser que, quelque temps après l'ouverture au public, un rideau a été ajouté à l'intérieur de la cabine en verre afin de permettre aux usagers qui le souhaitent de s'isoler des vues d'une façon plus habituelle.

Il s'agit d'une expression analytique puisque l'on peut considérer séparément l'intention d'utiliser cet équipement en toilette publique et la dislocation des dispositions destinées à assurer cette fonction.

À la deuxième étape de la 4e filière, l'effet prépondérant est le ça se suit/sans se suivre : la cabine et la palissade périphérique sont des dispositions complémentaires qui se suivent de façon cohérente pour assurer l'usage prévu, mais elles ne se suivent pas physiquement puisqu'elles sont très écartées l'une de l'autre. L'effet d'entraîné/retenu est lié à l'incrédulité qui nous prend face à cet équipement : en ouvrant la porte extérieure de l'enclos on est entraîné à y trouver un sanitaire, mais on en est retenu lorsqu'on constate que cette porte ouvre sur un vaste espace vert, puis on se laisse entraîner à penser que l'intimité attendue pour un tel lieu dans la civilisation actuelle n'est pas assurée, mais on est retenu de tirer cette conclusion après avoir examiné l'ensemble de la palissade périphérique. L'effet d'ensemble/autonomie va de soi : les deux dispositions constructives sont autonomes l'une de l'autre et font ensemble un sanitaire fonctionnel à la disposition du public. L'effet d'ouvert/fermé est également évident : la cabine laisse entrer la lumière et reste ouverte à la vue tandis que la palissade ferme l'enclos et empêche les vues d'y pénétrer depuis l'extérieur.

 

 



 

Sou Fujimoto : maison N à Oita, Japon (2008 – coupe et vues de la réalisation)

Source des images : https://www.archdaily.com/7484/house-n-sou-fujimoto


 

Pour un exemple d'expression synthétique de la deuxième étape de la 4e filière, à nouveau Sou Fujimoto avec sa « maison N » construite en 2008 à Oita « pour un couple et leur chien ».

Comme le montre le dessin de la coupe, cette maison, comme un oignon, ou comme des poupées russes, se développe en plusieurs couches emboîtées l'une dans l'autre. Chacune des trois enveloppes qui contribuent à clore le volume est percée par de larges ouvertures, parfois décalées d'une couche à l'autre et parfois en enfilade. Les différents usages de l'habitation se faufilent entre ces enveloppes, ce qui vaut même pour le jardin.

D'aucune de ces parois largement ouvertes on peut dire qu'elle enclot la maison, c'est seulement par leur addition en 1+1 enveloppes, par leur surabondance d'ensemble qui compense la forte porosité de chacune, qu'est satisfaite l'intention d'utiliser ce lieu en une maison intime et confortable destinée aux multiples usages habituels d'une habitation, une intention qui est donc du type 1/x. Cette intention fonctionnelle est d'ailleurs complétée par l'intention plastique de donner à ces multiples enveloppes une même allure cubique percée de baies rectangulaires et une même couleur blanche, une intention plastique qui est donc également du type 1/x.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas considérer la fonction d'enveloppe protectrice correspondant à l'intention d'en faire une habitation sans s'affronter à sa décomposition en 1+1 enveloppes bien séparées les unes des autres.

L'effet prépondérant de ça se suit/sans se suivre est lié à la lecture rayonnante du volume de la maison à partir de son noyau central vers des volumes enveloppants toujours plus grands, une lecture qui est contredite par la lecture de la façon dont chacun de ces volumes fait le tour du plus petit volume contenu en lui. Ainsi, soit on considère que les différents volumes se suivent du centre de la maison vers sa périphérie, soit on considère plutôt que chacun tourne autour d'un autre.

L'effet d'entraîné/retenu est lié aux vues que l'on est entraîné à faire depuis l'intérieur d'une enveloppe vers une autre ou vers l'extérieur grâce à leurs nombreuses ouvertures, tandis que les parois correspondantes retiennent aussi notre regard en nous bouchant la vue. L'effet d'ouvert/fermé utilise le même contraste : chaque enveloppe enclôt un volume, l'enferme dans une limite parallélépipédique bien marquée, en même temps elle l'ouvre sur le suivant ou sur l'extérieur par de larges ouvertures. L'effet d'ensemble/autonomie se rapporte à l'effet de clôture globale produit par l'emboîtement de plusieurs enveloppes autonomes les unes des autres.

 

 

À la troisième étape de la 4e filière, l'intention qui réunit en unité globale les 1+1 parties du bâtiment ne correspond plus à un aspect qui leur est étranger, comme à la première étape, ni au regroupement d'aspects fonctionnels complémentaires, comme à la deuxième, elle correspond à des aspects structurels qui sont complètement inclus dans la matérialité de ces différentes parties mais que l'intention considère sur une échelle différente que celle qui correspond à l'addition en 1+1.

 

 


TianJin University Research Institute (Zhang Hua) : Liuzhou Suiseki Hall

Source de l'image : https://www.arch2o.com/liuzhou-suiseki-hall-tianjin-university-research-institute/

 

 

Comme premier exemple analytique, le Centre culturel de Liuzhou, le Liuzhou Suiseki Hall, conçu par l'architecte chinois Zhang Hua dans le cadre du TianJin University Research Institute.

Dans le sens de sa profondeur, ce bâtiment se constitue clairement comme une succession structurelle de tranches qui s'ajoutent en 1+1 les unes derrière les autres, et cela sans que cette succession ne produise aucune continuité visible, d'autant que la forme de ces tranches ne cesse de se modifier, parfois légèrement par un changement de hauteur ou une modification de courbure, mais parfois très brutalement par le remplacement des creux par des bosses ou le remplacement de formes arrondies par des décrochements très anguleux.

Toutefois, si l'on ne considère pas le bâtiment « pas à pas », c'est-à-dire à l'échelle de sa décomposition en 1+1 tranches décalées, mais dans une vue d'ensemble qui regroupe « en paquet » toutes ces tranches, on voit que l'intention plastique de l'architecte a été que l'uniformité de leurs matériaux, leur vague ressemblance mutuelle et la concordance de leurs longueurs permettent aussi de lire que ces tranches successives génèrent ensemble une forme globale qui peut se lire en 1/x. À petite échelle donc, un bâti qui s'organise en 1+1 tranches successives, à grande échelle, l'intention de procurer une lecture 1/x du bâtiment : c'est là le principe de la troisième étape de la 4e filière tel qu'annoncé en préambule.

Il s'agit d'une expression analytique, car on peut considérer séparément l'allure globale « en paquet compact et multiple » du bâtiment et sa décomposition à petite échelle en 1+1 tranches se succédant les unes derrière les autres.

À la troisième étape de la 4e filière, l'effet prépondérant est l'homogène/hétérogène : les différentes tranches du bâtiment ont des découpes qui sont homogènes entre elles si l'on considère seulement celles en forme de vagues ou seulement celles aux découpes anguleuses, et ces deux distinctes familles de formes sont hétérogènes entre elles. Par ailleurs, toutes les tranches du bâtiment ont de façon homogène un même matériau en façade et un même matériau pour les recouvrir au-dessus, mais toutes ces tranches génèrent un effet d'hétérogénéité en se hissant au-dessus des autres et en affirmant des formes différentes de celles de leurs voisines.

Toutes les tranches du bâtiment sont visuellement séparées les unes des autres mais rassemblées l'une à l'autre par accolements mutuels, c'est un effet de rassemblé/séparé. Toutes les tranches se synchronisent pour avoir à peu près la même longueur alors qu'elles effectuent des parcours ondulants ou saccadés incommensurables entre eux, c'est un effet de synchronisé/incommensurable. Enfin, dans le sens de la profondeur on peut dire que le bâtiment est continu mais coupé en diverses tranches successives, et dans l'autre sens que chaque ondulation ou chaque suite de séquences anguleuses forme une continuité coupée plusieurs fois par des changements du sens de courbure ou par des cassures de son profil.

 

 

 


Jakob + MacFarlane : Community House à Knokke-Heist, Belgique (simulation du bâtiment en construction)

Source de l'image : http://www.jakobmacfarlane.com/fr/project/community-house/

 

 

Autre exemple analytique de la troisième étape de la 4e filière, la Community House à Knokke-Heist, en Belgique, en cours de construction. Ce bâtiment a été conçu par les architectes Dominique Jakob et Brendan MacFarlane et il est prévu qu'il serve à des usages multiples : logements, Hôtel de Ville, commerces, salle Polyvalente.

Chacune des unités qui concourent à construire la forme d'ensemble se distingue de ses voisines sans rien faire en commun avec elles : leurs coloris sont chaque fois différents et aucune continuité chromatique n'est perceptible, leurs formes aussi sont toujours différentes, parfois en petite maison avec toiture à deux pentes, parfois en cube occupant toute la hauteur entre deux tranches de plancher, parfois la moitié seulement d'un étage, parfois partiellement occupées par des plantations végétales, parfois encombrées par la présence de croix de contreventement, etc. Bref, chaque unité de logement ou d'espace public s'ajoute à côté ou au-dessus des autres en 1+1 unités distinctes, hétérogènes les unes pour les autres, et bien repérables individuellement.

Si l'on considère maintenant l'ensemble du bloc parallélépipédique formé par cette accumulation d'unités, on voit bien que l'intention des architectes a été que cette accumulation apparaisse, à grande échelle, comme un bâtiment unitaire divisé en de multiples morceaux. Outre cette forme globalement parallélépipédique bien lisible du bâtiment, ses différences de coloris qui, à petite échelle, se lisent comme une autonomie d'apparence de chaque partie de sa forme, à grande échelle se lisent comme un bariolage aléatoire généralisé, et donc unificateur. L'intention des architectes a donc été que les 1+1 unités ajoutées côte à côte et les unes au-dessus des autres puissent aussi se lire en 1/x, mais seulement à l'échelle globale du bâtiment.

Il s'agit d'une expression analytique, puisqu'on peut considérer séparément l'absence de continuité dans le détail de chaque étage ou dans la superposition des étages, et d'autre part l'aspect regroupé, compact et finalement cohérent, de l'allure d'ensemble du bâtiment.

On peut deviner facilement les effets concernés en se rapportant à l'analyse du bâtiment précédent.

 

 

 


J. Mayer H. architects : Metropol Parasol sur la Plaza de la Encarnacion à Séville, Espagne (2011)

Source de l'image : https://jsbg.me/wp-content/uploads/2011/04/jurgen-mayer-h-seville-spain-photo-fernando-alda-yatzer-11.jpg

 

 

Pour une expression synthétique correspondant à la troisième étape de la 4e filière, à Séville, sur la Plaza de la Encarnacion, d'immenses parasols conçus en 2011 par l'architecte allemand Jürgen Hermann Mayer pour remplacer un ancien parking.

Ces parasols ne sont pas faits d'un matériau continu mais par le croisement de multiples lamelles de bois revêtues de polyuréthane. Le matériau de ce bâtiment n'est donc pas « un » mais le résultat de l'addition côte à côte de 1+1 lamelles autonomes, décalées l'une de l'autre et se croisant selon 1+1 directions autonomes.

Toutefois, si l'on prend du recul, à grande échelle on perçoit bien que l'intention de l'architecte a été d'assembler ces multiples lames pour qu'elles génèrent ensemble des formes continues de parasols en forme d'espèces de champignons, une intention qui a donc consisté à ce que ces 1+1 lamelles engagées dans 1+1 directions puissent être lues en 1/x à l'échelle globale du bâtiment, c'est-à-dire comme de multiples croisements de lamelles participant à une forme unitaire continue.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas constater qu'il y a là une régularité de texture regroupant une multitude de lamelles en bois dans la continuité de formes de grande échelle sans se confronter au fait que cette texture est obtenue par le croisement de 1+1 lamelles indépendantes les unes des autres et orientées selon 1+1 directions.

L'effet d'homogène/hétérogène s'appuie sur le principe constructif utilisé : une texture homogène est obtenue par le croisement hétérogène de deux nappes de lamelles, chacune orientée de façon homogène selon une même direction. Il concerne aussi l'allure d'ensemble des parasols : ils sont réalisés de façon homogène au moyen de la même texture croisée, mais ils génèrent de fortes hétérogénéités en se rétrécissant puis en s'élargissant, de-ci delà et sans aucune régularité, créant tantôt une forme de champignon isolé et tantôt des voûtes regroupant plusieurs parasols au-dessus d'une grande place couverte.

L'effet de rassemblé/séparé se rapporte aussi à la texture des lamelles séparées qui sont rassemblées par leurs multiples croisements. Cette texture est continue mais formée de lamelles qui n'arrêtent pas de se couper mutuellement : effet de continu/coupé. Un effet qui se lit aussi dans la continuité horizontale de l'ensemble du bâtiment qui est coupée, de place en place, par la présence d'un pied porteur vertical. L'effet de synchronisé/incommensurable se rapporte au contraste entre la succession bien synchronisée des croisements de lamelles et les formes incommensurables ondulant en tous sens qui sont générées par ces croisements synchronisés.

 

 

 


Jakob + MacFarlane : Librairie Loewy à Paris (2000)

Source de l'image : http://www.jakobmacfarlane.com/fr/project/loewy-bookshoop/

 

 


Jakob + MacFarlane : Logements sociaux à Paris (2008)

Source de l'image : http://www.jakobmacfarlane.com/fr/project/100-social-apartments-herold/

 

 

Comme ils relèvent du même principe, on ne va pas analyser spécialement ces deux autres exemples dont on donne des photographies et qui sont chaque fois dus aux architectes Dominique Jakob et Brendan MacFarlane. D'une part des meubles qu'ils ont conçus en 2000 pour la Librairie Loewy à Paris, des meubles qui sont obtenus par le croisement, comme dans les parasols de Séville, de deux séries de lames en bois. D'autre part des logements sociaux qu'ils ont livrés en 2008 à Paris, formés par le croisement de lames de plancher horizontaux bien saillantes et de voiles perpendiculaires en béton, parfois aussi saillantes, parfois même un peu plus saillantes.

 

 

À la quatrième étape de la 4e filière, et dans le cas des expressions analytiques, les parties autonomes du bâtiment s'ajoutant en 1+1 sont maintenant rassemblées par l'intention au moyen d'une partie de bâtiment qui sert spécifiquement à rassembler les autres. Dans le cas des expressions synthétiques, il s'agira d'une attache directe, entre elles, des parties de bâtiments autonomes.

 


 


 

Berger + Parkkinen : ambassades des pays nordiques à Berlin (2000)
Source de l'image : https://berger-parkkinen.com/nordische-botschaften-berlin/

 

 

Ci-dessus, A-Lab : Deg 42 Office building à Oslo (2016)

 

À droite, Barbosa & Guimarães : Palais de Justice de Gouveia, Portugal (2003)

 

Sources des images : https://afasiaarchzine.com/2016/05/a-lab/a-lab-deg-42-office-building-oslo-8/ et http://www.barbosa-guimaraes.com/recent-projects/gouveia-law-courts/

 


 

 

Pour l'expression analytique à cette quatrième étape, trois bâtiments utilisant différemment une forme commune pour rassembler des parties autonomes séparées.

Dans le « Deg 42 Office building » construit en 2016 à Oslo par les architectes Odd Klev et Geir Haaversen de l'agence A-Lab (voir 1re filière), c'est l'une des façades du bâtiment principal parallélépipédique qui sert à rassembler 1+1 petits cubes qui s'accrochent à elle, accompagnés des volées de l'escalier de secours.

Dans l'ensemble réunissant à Berlin les ambassades des pays nordiques, c'est un voile continu extérieur, en grande partie en cuivre vert, qui rassemble chacune des ambassades, lesquelles apparaissent côté intérieur sous forme de bâtiments bien séparés les uns des autres, et s'égrenant donc en 1+1 bâtiments indépendants le long de la clôture commune qui les rassemble. Cette construction a été livrée en 2000 par l'architecte autrichien Alfred Berger (né en 1961) et par l'architecte finlandaise Tina Parkkinen (née en 1965).

Enfin, dans le palais de justice de Gouveia, au Portugal, livré en 2003 par les architectes José António Barbosa et Pedro Lopes Guimarães (voir aussi la 1re filière), c'est le contour rectangulaire de chaque façade de l'étage du bâtiment qui reçoit, échelonnés en 1+1, des creux taillés en facettes, tous différents entre eux et ne générant avec leurs voisins ni forme commune ni rythme régulier.

Chaque fois, l'intention des architectes a donc été de réunir 1+1 parties de bâtiment au moyen d'une forme indépendante ou d'un corps de bâtiment indépendant afin qu'elles puissent aussi être lues comme autant de parties d'un bâtiment unitaire, et donc selon le type 1/x. À chaque fois aussi il s'agit d'une expression analytique, puisque l'on peut considérer séparément les diverses parties ainsi rassemblées et le corps de bâtiment ou la forme qui sert à les rassembler.

À la quatrième étape de la 4e filière, l'effet prépondérant est le rassemblé/séparé. Il va de soi puisqu'on a ici une forme ou un corps de bâtiment qui sert à rassembler des parties du bâtiment qui sont séparées entre elles. L'effet de lié/indépendant va également de soi : des parties de bâtiments indépendantes les unes des autres sont liées ensemble par une forme ou par un corps de bâtiment spécifique. L'effet de même/différent correspond au fait que différents corps de bâtiments sont rassemblés dans un même bâtiment. Dans le cas du palais de justice de Gouveia, il correspond aussi au fait que les différents panneaux ainsi réunis sont à la fois de même type et de formes différentes. L'extérieur de chacun des corps de bâtiments indépendants ou de chacune des parties de bâtiment est bien visible à l'intérieur de la forme d'ensemble, ce qui correspond à un effet d'intérieur/extérieur. Enfin, l'effet d'un/multiple correspond évidemment au rassemblement de multiples parties de bâtiment à l'intérieur d'un plus grand bâtiment au caractère unitaire.

 

 

 


Giancarlo Mazzanti : jardin d'enfants El Porvenir à Bogotá (2009)

Source de l'image : https://www.plataformaarquitectura.cl/cl/609357/jardines-sociales-porvenir-giancarlo-mazzanti/5742483fe58ecee2f800030f-jardines-sociales-porvenir-giancarlo-mazzanti-foto

 

 

Pour l'expression synthétique de la quatrième étape de la 4e filière, nous retrouvons l'architecte colombien Giancarlo Mazzanti avec le jardin d'enfants El Porvenir qu'il a livré en 2009 à Bogotá.

Ce bâtiment est formé par l'agglutination de divers corps de bâtiments très autonomes les uns des autres : un grand préau circulaire très ajouré dont la paroi extérieure est seulement faite d'une forêt de poteaux métalliques ; un même système de clôture, mais plus bas, forme un zigzag qui limite un terrain de jeu extérieur ; à l'intérieur du cercle précédent, six petites boîtes implantées dans tous les sens qui servent de dortoirs et de classes pour les enfants ; à l'extérieur du cercle, une plus grande boîte pour les sanitaires et une plus grande boîte encore pour la cantine et la salle commune. Tous ces corps de bâtiment sont très autonomes les uns des autres et ne génèrent ensemble aucune forme lisible à grande échelle, ils s'ajoutent donc en 1+1 les uns à côté des autres sans qu'on puisse les lire comme autant de parties d'une grande forme unitaire de type 1/x.

Toutefois, ces différents corps de bâtiment sont bien attachés les uns aux autres : les petites boîtes des classes s'accolent par leurs angles, à l'endroit où passe le couloir qui permet de circuler en continu de l'une à l'autre, les deux boîtes en bout de leur bande s'attachent au préau circulaire, lequel préau est lui-même attaché à l'une des extrémités de la bande en zigzag, laquelle s'attache à son autre extrémité au bâtiment principal de l'administration, lequel s'accole au bâtiment secondaire, qui lui-même s'accole au préau circulaire. L'intention de l'architecte a donc été de créer une continuité entre toutes les formes en assurant des attaches entre elles, et cette continuité sert notamment à assurer une circulation ininterrompue entre les diverses parties du bâtiment. Grâce à cette intention de l'architecte d'attacher entre elles les 1+1 parties du bâtiment, elles peuvent être lues comme autant de parties d'un grand ensemble fonctionnellement continu, et donc en 1/x.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas lire que les diverses formes sont attachées les unes aux autres sans s'affronter à leur aspect autonome, ni sans constater qu'elles ne génèrent ensemble, malgré leurs attaches, aucune forme globale qui soit lisible.

L'effet prépondérant de rassemblé/séparé est lié à cette disposition : les différents corps de bâtiments visuellement séparés les uns des autres sont rassemblés deux à deux par des attaches. Ce qui vaut aussi pour l'effet de lié/indépendant : les corps de bâtiments indépendants les uns des autres sont liés deux à deux par des attaches. Un même bâtiment comporte différentes parties, d'ailleurs très différentes les unes des autres : c'est un effet de même/différent. L'extérieur de chacune de ces parties est bien repérable à l'intérieur de l'ensemble que forme le bâtiment du jardin d'enfants, c'est un effet d'intérieur/extérieur. Enfin, un seul et même bâtiment comprend de multiples corps de bâtiments, c'est un effet d'un/multiple.

 

 

À la cinquième et dernière étape de la 4e filière, l'intention permet enfin de façon très directe une lecture 1/x de parties de bâtiments qui s'ajoutent pourtant les unes aux autres en 1+1. Cette transformation d'un mode de lecture en l'autre est comme magique, et il est très difficile d'en saisir le processus puisque l'effet plastique prédominant à cette étape est le synchronisé/incommensurable, ce qui implique que ces deux modes de lecture incommensurables entre eux savent maintenant se synchroniser sur un même jeu de formes.

 



 

O Studio Architects (Fai Au) : Église des Semences à Huizhou, Chine (2011) - Maquette et vue intérieure

Source des images : http://cargocollective.com/thisispaper/O-Studio-Architects-Church-of-Seed

 

 

Comme exemple d'expression analytique de cette dernière étape de la 4e filière, « The Church of Seed », que l'on peut traduire par l'Église des Semences ou l'Église des Graines, qui a été livrée en 2011à Huizhou par l'architecte chinois Fai Au (né en 1975), exerçant dans le cadre de son agence « O Studio Architects ». La vue extérieure est celle de sa maquette car la présence des arbres sur le site ne permet pas de bien l'observer.

Le périmètre de cette église rassemble trois grandes formes séparées très différentes. L'une est très basse et s'étale en arrondi plutôt horizontal, les deux autres sont nettement plus hautes et se dressent plus verticalement, celle qui s'étale horizontalement est très épaisse tandis que les deux autres sont très minces, et l'extrémité de l'une de ces formes se termine en arrondi quand les autres se terminent par une surface droite. Ensemble ces trois formes ne produisent pas une enveloppe continue, car la fin de l'une s'arrête à côté de l'endroit où démarre l'autre, et surtout les directions que prennent les extrémités de chacune ne se dirigent pas vers leurs voisines mais visent au contraire à les éviter et à passer à côté. Quant à la toiture, elle est faite d'une succession de multiples bandes horizontales décalées les unes des autres dans un registre de formes qui n'a rien à voir avec celui des murs, les murs latéraux formant de grandes surfaces continues opaques quand la toiture se décompose en bandes multiples très espacées les unes des autres entre lesquelles passe la lumière. En résumé, l'enveloppe de l'église est donc structurellement formée de 1+1 formes latérales +1+1 formes en toiture qui s'ajoutent de façons autonomes les unes à côté des autres.

Mais on comprend bien que l'intention de l'architecte a été de positionner les trois formes latérales à proximité les unes des autres à défaut de les mettre en continuité, cela afin que leur voisinage suffise pour qu'on puisse lire que leur rassemblement engendre une grande forme globale, une forme en rond élargi d'un côté, pincée de l'autre, une forme que l'on peut assimiler symboliquement à celle d'une graine et qui est fermée en dessus par l'escalier de bandes horizontales alternativement vitrées et pleines. Cette grande forme d'ensemble « de graine » est facilement lisible malgré la disposition en 1+1 des différentes parties qui contribuent à la générer, ce qui permet tout aussi bien de les lire comme autant de parties distinctes d'une grande forme d'ensemble, et donc en 1/x. Le caractère 1+1 de la structuration du bâtiment est donc désormais en relation directe et complète avec le caractère 1/x de l'intention plastique de l'architecte, ce qui est bien ce qu'on devait attendre de la dernière étape de la phase d'émergence de l'ontologie produit-fabriqué/intention.

Il s'agit d'une expression analytique, puisqu'on peut considérer séparément que le bâti a un caractère 1+1 et que ses différentes parties s'intègrent dans la lecture 1/x voulue par l'intention de l'architecte.

À la cinquième étape de la 4e filière, comme on l'a déjà évoqué l'effet prépondérant est le synchronisé/incommensurable : les trois grandes formes latérales se développent effectivement de façons incommensurables entre elles, notamment parce que l'une se creuse de façon concave tandis que les deux autres se bombent de façon convexe et que notre perception ne permet pas de saisir simultanément ces deux types de courbure. Quant aux bandes horizontales de la toiture, il est impossible de les lire en même temps que les diverses courbures des formes latérales. Malgré l'incommensurabilité de la lecture des formes qui génèrent la forme de l'église, elles savent se synchroniser pour générer ensemble une forme en graine qu'on lit bien distinctement.

L'effet de regroupement réussi/raté est lié à la double lecture en 1+1 et en 1/x des différentes formes qui participent à celle de l'église : quand on lit en 1/x sa forme globale en graine c'est que les formes élémentaires qui la génèrent ont réussi à se regrouper dans cette forme, mais ce regroupement est raté lorsqu'on lit en 1+1 ces formes élémentaires. L'effet de fait/défait est aussi lié à ces deux lectures différentes qui peuvent être faites mais qui se défont mutuellement. Il est également sensible dans le contraste entre les formes latérales arrondies et les formes en escalier de la toiture dont la rigidité rectiligne défait la souplesse de la forme courbe des murs. Cette toiture en escalier relie en continu les trois massifs arrondis latéraux qui sont nettement détachés les uns des autres, ce qui correspond à un effet de relié/détaché. Toutes les formes s’appuient les unes sur les autres par leurs périphéries, ce qui est un effet du centre/à la périphérie.

 

 


 

Ma Yansong (MAD Architects) : Shan Shui City (2013)

Source des images : https://www.designboom.com/architecture/mad-architects-shan-shui-city-guiyang-china/


 

Pour un autre exemple d'expression analytique de la cinquième étape de la 4e filière, on revient une dernière fois en Chine avec l'architecte Ma Yansong de MAD Architects pour son projet de 2013 de Shan Shui City qu'il a dénommé « la ville des montagnes et de l'eau ».

Dans ce projet, les immeubles combinent une décomposition en tranches verticales bien décalées les unes des autres et l'affirmation de divers plateaux horizontaux qui correspondent aux planchers. De façon générale la décomposition en tranches verticales est la plus visible, toutefois, à la rencontre entre deux bâtiments séparés, les planchers se rejoignent d'un bâtiment à l'autre et accusent alors l'autonomie des formes horizontales dont certaines sont l'occasion de créer un bassin dont l'eau chute en rideau de cascade jusqu'au pied du bâtiment. Cette confrontation entre un registre de formes horizontales et un registre de formes verticales ne génère aucune fusion de ces deux registres qui ne peuvent être lus qu'en 1+1 puisqu'on ne peut pas lire simultanément les tranches horizontales et les tranches verticales. D'autant que chacun de ces deux registres engendre un motif qui lui est propre, celui des planchers qui génèrent un volume continu qui se devine à quelque distance à l'arrière les tranches verticales des façades, et celui de ces tranches verticales qui forment un rideau s'écartant de place en place pour laisser dépasser les tranches horizontales de planchers qui viennent alors en balcon.

Pourtant, même si dans le détail on ne peut jamais lire en même temps les tranches horizontales des planchers et les ondulations des tranches verticales, on voit bien que l'intention plastique de l'architecte a été de combiner ces deux registres de formes pour qu'ils engendrent globalement un paysage ressemblant à des montagnes artificielles peuplées de canyons, de végétations et de cascades, un paysage qui évoque celui de certaines montagnes chinoises formées de très hauts massifs arrondis par l'érosion. Sous cet aspect, encastrés l'un dans l'autre, le registre des planchers horizontaux et le registre des lamelles verticales ondulantes appartiennent donc également à une grande forme globale, et ces deux registres associés dans une même forme globale correspondent alors à une lecture en 1/x, et cela d'autant plus facilement que chacun de ces registres se divise lui-même en multiples formes parallèles, soit horizontales, soit verticales, et donc que chacun est en lui-même un ensemble de formes du type 1/x.

Il s'agit d'une expression analytique car on peut considérer séparément, d'une part l'incompatibilité de la lecture simultanée des tranches horizontales des planchers avec les lames verticales des façades, d'autre part la combinaison réussie de ces deux types de formes pour générer des montagnes artificielles peuplées de végétations et de cascades.

L'effet de synchronisé/incommensurable est lié à notre incapacité à lire simultanément de multiples formes horizontales qui se tortillent et de multiples formes verticales qui se tortillent, tandis que l'on perçoit bien qu'elles se synchronisent pour générer ensemble des formes de montagnes artificielles. L'effet de regroupement réussi/raté utilise aussi ce contraste : les multiples planchers horizontaux et les multiples tranches ondulantes verticales se regroupent pour générer ensemble des montagnes artificielles, mais notre incapacité à lire simultanément ces deux registres de formes fait rater leur fusion. L'effet d'horizontalité des planchers est défait par l'effet de verticalité des tranches des façades, et inversement : c'est un effet de fait/défait. Chacun de ces deux registres de formes génère un effet de relié/détaché puisque chacun de leurs éléments est relié aux autres dans une même trame, soit horizontale, soit verticale, et que simultanément ils sont détachés les uns des autres par des écarts. Quant à l'effet du centre/à la périphérie, il est lié à notre déstabilisation devant des immeubles aussi gigantesques qui nous stupéfient par leur ressemblance avec des paysages naturels malgré leur aspect visiblement artificiel et destiné à des usages urbains.

 

 


 

Studio Gang : Vista Tower à Chicago, USA (2020 – vues du projet)

Source des images : http://studiogang.com/project/vista-tower


 

Pour un exemple d'expression synthétique de la dernière étape de la 4e filière, on retrouve Jeanne Gang pour un groupe de trois tours livré en 2020 à Chicago et qui reçoit le nom générique de « Vista Tower ».

Implantées les unes à côté des autres, de hauteurs très différentes et leurs ondulations ne se synchronisant pas pour évoluer côte à côte afin de procurer une lecture commune bien lisible de leurs rythmes, elles ne se regroupent pas dans une grande forme d'ensemble dont chacune ne serait qu'une partie et forment donc structurellement un groupe de 1+1+1 tours s'élevant vers le ciel séparément les unes des autres.

Toutefois, même si l'ondulation de leurs façades ne se fait pas selon un rythme commun mais en complet déphasage, elle n'en constitue pas moins un thème plastique qu'elles partagent et qui les distingue visuellement de leur entourage. C'était évidemment l'intention plastique que l'architecte a voulu affirmer, et cette intention de faire onduler plusieurs tours côte à côte permet par conséquent que leur groupe puisse aussi se lire en 1/x, cela d'autant plus facilement que, prise isolément, chaque tour exhibe de multiples ondulations et peut donc individuellement être lue en 1/x. On a donc ici une disposition plastique, celle de l'ondulation verticale des façades, qui est à la fois ce qui permet de lire l'ensemble en 1/x parce qu'il est généralisé à toutes les tours, et ce qui permet de les lire seulement ajoutées en 1+1 les unes à côté des autres du fait du déphasage de leurs ondulations, les parties creuses de l'une correspondant aux parties saillantes de sa voisine.

Il s'agit d'une expression synthétique, car on ne peut pas prendre connaissance de la généralité de l'effet d'ondulation des façades sans s'affronter au déphasage des ondulations d'une tour à l'autre.

L'effet prépondérant de synchronisé/incommensurable est évidemment lié au principe de ces ondulations puisque notre perception ne nous permet pas de lire simultanément des courbes convexes et des courbes concaves qui sont donc incommensurables pour nous. La régularité de ces ondulations et le fait qu'elles parviennent à se synchroniser pour être toujours en parfait déphasage correspond à l'autre aspect de cet effet, celui qui veut que cela soit synchronisé malgré l'incommensurabilité.

L'effet de regroupement réussi/raté correspond au regroupement réussi des façades dans un effet d'ondulation tandis que le déphasage des ondulations fait rater leur unification. Leurs différences de hauteur font également rater leur regroupement dans un ensemble de tours semblables, un regroupement qui est pourtant réussi du fait de leur similitude d'aspect. L'effet de fait/défait se lit dans le déphasage des ondulations : quand une tour fait un bombement convexe, la voisine le défait en faisant un creux concave. Sur une même surface de façade, chacun de ces creux et chacun de ces bombements est relié en continu à son voisin du dessus et à son voisin du dessous, et en même temps chacun se détache visuellement puisqu'on peut le repérer et le distinguer de ses voisins : c'est un effet de relié/détaché. L'opposition de phase entre les ondulations de deux tours voisines permet aussi de détacher constamment leurs façades alors que les tours sont reliées l'une à l'autre par accolement. La déstabilisation souvent engendrée par l'effet du centre/à la périphérie provient ici de l'instabilité des façades qui ne cessent d'onduler, et dont on a ainsi du mal à saisir la position et le volume qu'elles enferment.

 

 

 


Vincent Callebaut : projet Aequorea à Rio de Janeiro, Brésil (2015 – détail)

Source de l'image : https://vincent.callebaut.org/object/151223_aequorea/aequorea/projects

 

 

Autre exemple synthétique de la dernière étape de la 4e filière, et dernier exemple de l'architecture de la phase d'émergence, un projet de cité marine conçue en 2015 par l'architecte Vincent Callebaut déjà envisagé pour la 1re filière. Il s'agit de son projet « Aequorea » étudié en vue d'une implantation possible dans la baie de Rio de Janeiro ou en plein milieu de l'océan.

Ce projet comprend des unités de vie de différentes tailles. Celle que nous allons envisager comporte structurellement quatre blocs agglutinés autour d'une forme sphérique et quatre sous-ensembles légèrement écartés de ce noyau central. Bien qu'ils soient agglutinés, les quatre blocs de la partie centrale ne fusionnent pas dans une grande forme unitaire, ils restent distinctement repérables selon le principe d'une accumulation par butées mutuelles de 1+1 blocs. Les quatre unités externes renforcent cet aspect 1+1 car elles sont bien séparées du groupe central et elles acquièrent ainsi le caractère d'annexes ajoutées en +1 à quelque distance de lui.

Toutefois, la double symétrie de la figure d'ensemble formée par toutes ces unités autonomes, ainsi que leur « air de famille » bien lisible, font immédiatement comprendre que l'intention plastique de l'architecte a été que l'on puisse également lire que toutes ces parties forment ensemble une grande figure régulière en double symétrie du type 1/x. Au choix, on peut donc lire ici une grande forme du type 1/x ou bien lire une agglomération de 1+1 unités autonomes non fusionnées dans une grande forme continue.

Comme dans tous les autres exemples de cette étape, cette réversibilité de la lecture en 1+1 et de la lecture en 1/x implique que la décomposition structurelle en 1+1 du bâtiment et la lecture de ses formes en 1/x voulue par l'intention plastique de l'architecte ont trouvé le moyen de se mettre parfaitement en relation, ce qui correspond au stade que devait atteindre la relation entre la notion de bâtiment construit et la notion d'intention pour permettre de passer à la phase ontologique suivante.

Cette architecture correspond à une expression synthétique, car on ne peut pas considérer l'indépendance et l'autonomie de toutes les parties de cette cité marine sans être frappé par la similarité de toutes ses formes et sans se rendre compte de la multi-symétrie de la façon dont elles se regroupent.

L'effet de synchronisé/incommensurable provient de la complexité de toutes ces formes courbes qui se développent en s'étirant ou se contractant dans tous les sens, combinant souvent des creux concaves et des bosses convexes, ce qui rend incommensurable pour notre perception la façon dont elles se combinent alors que pourtant on saisit bien qu'elles se synchronisent pour générer ensemble une figure régulière et multi-symétrique. L'effet de regroupement réussi/raté concerne spécialement les quatre sous-ensembles les plus périphériques : ils réussissent à se faire lire regroupés avec les autres dans une figure d'ensemble, mais ils ratent leur regroupement compact avec les unités centrales puisqu'elles en sont séparées par un bras de mer. L'effet de fait/défait fonctionne de la même façon : la lecture de la figure d'ensemble nous permet de conclure que le regroupement des quatre îlots périphériques avec le groupe central est fait, mais il est défait si l'on s'en tient à la réalité physique de ces îlots écartés. Ces îlots périphériques sont reliés au groupe central dans une même forme d'ensemble mais en sont détachés par un bras de mer : c'est un effet de relié/détaché. Cet effet vaut aussi pour les quatre unités centrales et la boule centrale qui sont toutes bien reliées physiquement les unes aux autres mais qui sont visuellement détachées les unes des autres. Enfin, le balancement de notre perception entre un groupe central et des unités périphériques correspond à un effet du centre/à la périphérie.

 

 

Avant de passer à la phase ontologique suivante, on résume rapidement l'évolution que l'on a observée en architecture dans chacune des quatre filières de la phase d'émergence de l'ontologie bâtiment-fabriqué/intention :

 - dans la 1re filière, le bâti et l'intention étaient tous les deux du type 1+1 et correspondaient donc à des accumulations d'unités très indépendantes les unes des autres, ce qui ne permettait pas de mettre commodément en relation les deux notions. À la cinquième et dernière étape, on a vu que les 1+1 parties du bâtiment et les 1+1 intentions correspondantes réussissaient à se faire lire simultanément en 1/x, trouvant ainsi le moyen de se mettre en relation malgré leurs types 1+1.

 - dans la 2e filière, le bâti et l'intention étaient tous les deux du type 1/x, mais selon des modes de regroupement autonomes l'un de l'autre. À la première étape, faute d'être en relation les deux notions se faisaient face, étrangères l'une pour l'autre. Au fil des étapes elles ont progressivement trouvé le moyen de s'accorder et de fusionner, et donc de se mettre en parfaite relation mutuelle.

 - dans la 3e filière, le bâti était du type 1/x et donc unitaire, tandis que le caractère 1+1 décousu des intentions de l'architecte se heurtait à la cohérence compacte du bâti. À la dernière étape, les 1+1 intentions ont réussi à se faire passer pour les multiples aspects du type 1/x du bâti, ce qui impliquait alors une mise en relation parfaitement réussie des intentions avec les divisions du bâti.

 - enfin, dans la 4e filière, nous venons de voir à l'inverse que c'était le caractère 1/x de l'intention qui permettait de tenir regroupées les différentes parties du bâtiment qui tendaient à se disperser du fait de son type structurellement 1+1. À la dernière étape, la lecture 1+1 du bâti se synchronisait avec la lecture en 1/x de ce même bâti correspondant à l'intention plastique de l'architecte, ce qui encore une fois impliquait une mise en relation aboutie de la structuration du bâtiment avec l'intention plastique de l'architecte.

 

En prenant un peu de recul, on rappelle que la dernière phase de l'ontologie matière/esprit avait fait émerger deux nouvelles notions, celle de produit-fabriqué est celle d'intention. Comme ces deux notions avaient émergé séparément, rien n'impliquait qu'elles soient en relation de quelque façon, et ce fut précisément l'objet de la phase d'émergence du nouveau cycle produit-fabriqué/intention que de mettre en relation ces deux nouvelles notions. Pour assurer cette mise en relation, il a fallu affronter leur incompatibilité initiale dans les quatre cas de figure résultant inévitablement du fait que chacune des deux notions pouvait prendre aléatoirement le type 1+1 ou le type 1/x, ce qui a donné lieu à quatre filières distinctes de progressive mise en relation.

Dans la phase d'émergence, tout comme il en ira dans la phase suivante, on a dit que les notions de produit-fabriqué et d'intention ne sont pas encore considérées comme des notions globales, c'est-à-dire comme des notions qui regroupent la totalité des faits qui se rapportent à chacune. Chaque confrontation entre ces deux notions est donc encore considérée comme un fait singulier, particulier, pas comme un exemple significatif d'une confrontation générale entre elles. Plusieurs phases seront encore nécessaires pour passer progressivement des notions considérées au cas par cas aux notions globales.

 

> Chapitre 13 – Première confrontation